samedi 21 février 2015

Bilan 2014

Et si je faisais un petit bilan de l'année 2014. Bilan de course à pied bien sur. Le reste est top secret...ou pas. Maaa, je ne peux pas tout rattraper d'un coup, alors on va se contenter de la course à pied.

Et je vais en profiter pour parler des courses dont je n'ai pas parlées dans mes précédents articles.

Tout d'abord, les tableaux récapitulatifs.

Tableau 1: Bilan général

Tableau 2: Bilan 2014

Bon, on ne va pas y passer des heures. 2104 était plutôt une bonne année. J'ai fait un peu moins de courses, mais plus d'entraînements et mes résultats s'en sont ressentis. Je devais faire l'Izu Trail Journey (72km), en Mars, mais il a été annulé à cause de la neige, qui a été abondante cet hivers là.

J'ai battu mon record du marathon au Katsuta Marathon, en 3:14:03. J'ai pris un rhume la veille, je ne sais pas si cela a eu un effet sur la performance. Mais j'ai mis un mois à récupérer de l'association marathon+rhume.

Après cela, avec l'annulation de l'Izu trail, j'ai pu me consacrer pleinement à l'entraînement pour l'UTMF. Pendant deux mois, je faisais au moins une sortie à la montagne le weekend, parfois deux. Beaucoup de spécifique, long, lent, beaucoup de dénivelé, parfois dans la neige, souvent tout seul. C'était parfois un peu dur, obligé de se lever très tôt pour prendre le train et rentrer avant la nuit qui tombe si tôt au Japon, mais ça a payé, avec un UTMF réussi, qui m'a comblé. Je n'ai pas fait de rapport sur l'UTMF, c'est dommage. C'est pourtant la plus belle satisfaction de ma "carrière" jusqu'à présent. C'est qu'il y a tant à raconter. Je ne vais pas le faire dans cet article, ça serait une trop longue digression, mais je ne m'interdis pas d'y revenir plus tard, même si ça date de presque un an maintenant. Une ou deux photos tout de même pour illustrer un peu cet article austère.

Tout d'abord la veille de la course, à la conférence de presse, avec du beau monde. De gauche à droite, Emmanuel, un français résidant en Thailande, finisher en 40h54min, que j'ai croisé aussi sur le parcours, Yuki et moi, Patrice, venu de France, grâce à qui nous avons pu prendre cette photo, lui aussi finisher en 44h33min, Nathalie Mauclair, championne du monde de trail 2013 et vainqueur entre autre de la diagonale des fous en 2013 et 2014, Sebastien Chaigneau, figure emblématique de l'ultra trail, au moins en France, notamment vainqueur et recordman de la Hardrock 100 en 2013, François d'Haene, le vigneron coureur, la star de ces dernières années, quasiment imbattable en 2014 avec des victoires dans les trois 100 miles auxquels il a participé, l'UTMF, l'UTMB et la diagonale des fous, et enfin Tsuyoshi Kaburaki, le trailer japonais de renommée internationale, organisateur de l'UTMF. Beau tir groupé ! Le weekend commençait bien :)


Puis tout de même, pour l'ultra trail du mont Fuji, on ne peut pas passer outre le point culminant du Japon. Le voilà, enneigé, accompagné d'un cerisier en fleur dans cette jolie photo prise par Yuki, peu de temps après le départ de la course.


Et enfin, le passage sous l'arche d'arrivée en compagnie de Christophe, avec qui j'ai eu le plaisir de parcourir les trente derniers kilomètres.


Toutes les photos sont .

Une semaine avant l'UTMF, j'ai participé à une course à laquelle je m'étais inscrit pour accompagner Yuki: le Higashi Tanzawa Miyagase trail race. C'était beaucoup trop proche de l'UTMF mais je pensais qu'en allant tranquillement, ça ne porterait pas trop préjudice pour la course à venir. Je suis parti lentement, j'ai pris le temps de prendre des photos, mais je me suis laissé un peu porté par mon élan dans la longue descente finale. Résultat, j'ai eu mal aux jambes les jours suivants, ce qui m'a fait un peu soucis. Heureusement, cela n'a pas eu de conséquence. Qui sait, si je ne l'avais pas fait, c'est peut être pendant l'UTMF que j'aurais eu mal, alors que là, ça s'est très bien passé, les jambes n'ont pas bronché.

Suite à l'UTMF, une semaine de repos complet, puis reprise avec des entraînements à allure lente. 3 semaines plus tard, Yuki et moi participions au Soto chichibu trail running, une course de 43km. Je me sentais bien, mais j'ai eu très mal aux jambes, dés très tôt dans la course. Mis à part les jambes, comme les sensations étaient bonne, j'ai plutôt apprécié la course même si je n'ai pas pu donner mon maximum. J'ai aussi beaucoup apprécié le onsen dont nous avons profité la veille de la course, puis après la course. Nous avons passé la nuit précédent le départ dans la pièce de repos du onsen, sur des matelas posés à même le sol pour certains (mon cas), ou dans des sièges de relaxation pour d'autres. Très sommaire, mais amplement suffisant.

Une vue depuis la fenêtre au premier étage du onsen. Saurez vous reconnaître l'oeuvre de Yuki? Un indice, le titre de l'oeuvre: "Sur les épaules de géants, Mickey voit que dalle".
L'arrivée de la course se trouvait juste après le virage que l'on aperçoit au fond.


En face de la gare la plus proche du onsen, il y avait un petit temple que nous avons visité rapidement. Deux photos de statues pour concurrencer l'oeuvre de Yuki. Sur la deuxième, le cousin de Mickey a un peu plus de chance, il voit un bout de ciel en plus des trous de nez de Bouddha.



Et enfin Yuki et moi, à l'arrivée pour l'une, quelque part pendant la course pour l'autre.



Ensuite, après un podium en course d'orientation (3ème sur 55 à la 36th Todai OLK race, et une bouteille de sake en prime, yeah :) ), puis pas mal de sortie en montagne, venait 7 semaines plus tard la revanche sur le trail de kitatanzawa. En effet, l'année précédente, nous étions parti dans la seconde vague et avions rencontré beaucoup de bouchons. Cette année, avec un départ dans la première vague, on a pu s'en donner à cœur joie. Enfin en ce qui me concerne. Parce que Yuki s'est fait mal aux chevilles et a du terminer tant bien que mal dans la douleur, en partie pour pouvoir repartir dans la première vague l'année suivante. Je n'en dirais pas plus sur cette course étant donné que j'en ai déjà fait le compte rendu ici, si ce n'est que j'étais en forme et que j'ai pu me faire plaisir.

Le pic de forme s'est prolongé jusqu'à la course de montagne du mont Fuji, 3 semaines plus tard, dont j'ai parlé ici.

A suivi un passage plus compliqué. J'étais inscrit à deux grosses courses, l'ultra trail du Vercors (UTV, 91km, +5000m) et le 100km sur route de Echigo Kubiniko. J'avais déjà pas mal couru en montagne, et j'espérais faire une bonne performance sur le 100 km, pourquoi pas sous les 10 h, alors j'ai commencé peu de temps après la course du Mont Fuji à m'entraîner sur route à l'allure du 100 km, en négligeant l'entraînement spécifique pour un ultra trail en montagne, qui était pourtant ma course suivante. J'ai fait très peu de longues sorties, supérieures à 6 h, dans les semaines précédent l'UTV. J'ai fait des entraînement plus courts, jusqu'à 5 h, à allure plus rapide et sur plat. La première partie de l'UTV était justement assez roulante, et comme j'étais bien entraîné pour ça, je suis probablement parti un peu vite. C'était un rythme facile, mais j'aurais dû adopter le rythme "très facile, ballade", comme à l'UTMF. Vers la sixième heure, j'ai eu un gros coup de barre. En général, si je me repose et mange, au bout d'un moment, ça va mieux. Cette fois, ce ne fut pas le cas. J'ai bien essayé de dormir un petit moment dans une petite prairie ensoleillée à l'écart du chemin, mais l’embellie qui a suivit n'a été qu'un feu de paille des quelques dizaines de minutes. Je n'ai fait quasiment que marcher pendant les 40 derniers kilomètres. Même sur le plat et en descente. C'était long ! Heureusement que les paysages magnifiques étaient là pour nous tenir compagnie.





Bref, j'ai encore sous estimé la difficulté d'un ultra trail. Je crains d'ailleurs d'être en train de le faire à nouveau en ce moment, en me concentrant uniquement sur le marathon de Tokyo, sachant que l'Izu trail journey (72km) m'attend 3 semaines plus tard. Je vais manquer d'entraînement longs en montagne, donc il faudra que j'aille doucement et que je ne me laisse pas emporter par ma vitesse acquise lors de l'entraînement pour le marathon.

J'étais malgré tout content d'avoir pu finir. Après tout, plus c'est difficile, plus on a de mérite à terminer la course. Mais j'avais tout même un goût amer, parce que je pensais être plus en forme que ça et j'espérais faire mieux pour mon unique course en France.

Le problème avec un calendrier chargé, c'est que quand un grain de sable commence à enrayer la machine, on n'a pas le temps de stopper la production et de faire la maintenance avant la course suivante. Alors on fait ce qu'on peut. Après ces heures à marcher dans le massif du Vercors, dans les semaines suivantes j'ai eu beaucoup mal en haut de la jambe gauche, au niveau des adducteurs et derrière la fesse, mais heureusement, essentiellement pendant la marche à pied. En course, ça passait bien. J'ai eu aussi des douleurs au dos. Mais je n'avais que 5 semaines jusqu'au 100 km, donc après une semaine de repos, j'ai repris l'entraînement avec notamment 135 km la troisième semaine suivant l'UTV. C'était un peu tant bien que mal en cette période, pas réellement satisfaisant. Je pense que je suis arrivé un peu fatigué sur le 100 km. Et en plus, je m'étais entraîné sur le plat, car il n'y avait "qu'un peu" plus de 1000 m de dénivelé positif, ce qui n'étais pas grand chose pensais-je pour une course de 100 km. Mais je pensais en traileur. Je me suis aperçu que 1000 m de descente sur route, et bien ce n'est pas pas grand chose! Les jambes et les genoux n'ont pas aimé. Au bout de 78 km et 8h20 de course, j'étais cuis, l'objectif des 10 h s'était envolé, et je me suis dis "bon, j'en ai marre de finir juste pour dire de finir, je l'ai déjà fait plusieurs fois, c'est bon je sais que je peux le faire, c'est bien mais maintenant faut arrêter ces conneries et penser à se faire plaisir, alors pour cette fois on va en rester là". Ah, ça fait du bien quand ça s'arrête :) Pas de regret sur ce coup là. J'en avait juste marre.

On aura quand même passé un weekend sympa, en découvrant la préfecture de Niigata que nous ne connaissions pas. C'était au bord de la mer. Il y avait des petites montagnes comme partout au Japon (sauf à Tokyo...), des micro-tortues et des méga-paquebots, un mini-marché où la moyenne d'âge des commerçants devait avoisiner les 80 ans et où l'on vendait de l'alcool de serpent.







Yuki ne pouvant pas participer alors qu'elle était inscrite, à cause de ses douleurs aux chevilles, s'est défoulée en fabricant du mochi pour tout la salle (gâteau à base de riz gluant).


Tout ça, c'était la veille de la course. Le jour de la course Yuki a fait une grande ballade où elle à fait chauffer l'appareil photo. Entre temples, forêt et ville, avec des lanternes qui sourient, des boutiques au nom étrange et des pandas que ne veulent pas voir ça.






Et le lendemain, comme il pleuvait légèrement, nous sommes allé voir l'aquarium avant de rentrer sur Tokyo.


Toutes les photos , et .

Au fait, c'était pas censé être un bilan de course à pied cet article ? Allez, revenons au sujet.
Alors, j'en étais où après cet échec ? Et bien, pas grand chose de neuf, comme d'hab, on tourne la page et on pense au prochain objectif. Et comme la saison fraîche arrivait, c'était le bon moment pour passer en mode courses sur route et entraînement de vitesse. Et qui dit course sur route, dit marathon bien sur. Je me suis inscrit à Tokyo et aussi à Kyoto au cas où je ratais le tirage au sort de Tokyo. J'ai été pris aux deux. Yuki seulement à Kyoto, mais comme elle ne voulait pas y aller, et que c'était seulement une semaine avant Tokyo, nous n'avons pas poursuivit l'inscription. L'objectif était donc Tokyo pour moi. Avec au passage un semi-marathon et un 10 km, pour m'entraîner et pour essayer de battre mes records. Et aussi le trail de Nokogiriyama, parce que c'est une course sympa et que ça devient notre rendez-vous annuel de Décembre.

J'avais juste assez de temps jusqu'au marathon pour suivre un plan d'entraînement de 18 semaines que j'ai trouvé dans le livre "Advanced Marathoning" de Pete Pfitzinger. Et effet, pour la première fois, je voulais vraiment m'entraîner spécifiquement pour le marathon. J'ai choisi le plan avec le moins de kilométrage hebdomadaire, parce que je n'étais pas encore remis de mes précédentes courses, et parce que 50 à 90 km par semaine me semblaient bien suffisant. Je pense que c'était le bon choix par rapport à mon niveau et ma forme. Suffisamment progressif pour me laisser le temps de récupérer, mais avec des grosses semaines par la suite. On verra demain si ça va payer. En effet, j'écris ces lignes la veille du marathon de Tokyo.

On va finir l'année rapidement, avec tout d'abord le semi-marathon de Toda en Novembre. Record personnel, mais c'était pas très dur parce que mon précédent record datait d'il y a longtemps, sur un parcours très vallonné. 1:25:42 contre 1:29:43 quatre ans plus tôt au semi marathon de la vente des vins à Beaune. Sachant que je me suis peu reposé du fait de mon entraînement pour le marathon, c'était de bonne augure pour la suite. Voilà une photo de quelques nambanners. Dommage, Yuki était là, mais elle a raté la photo.


Ensuite le trail de Nokogiriyama. Un trail de 30.4 km pour 1200m de dénivelé cumulé dans la préfecture de Chiba, à l'Est de Tokyo. C'était la troisième année de suite que Yuki et moi participions. La seconde année pour Chih, de Singapour, et une première pour Yuri et Sebastien, deux français et Mutsumi, une japonaise, tous de Namban Rengo.

J'étais en bonne forme du fait de l'entraînement pour le marathon, mais je n'avais pas couru dans la montagne depuis 3 mois, alors je n'étais pas certain que mes petites gambettes pourraient supporter les nombreuses montées et descentes. Heureusement, ça s'est bien passé. Je dirais même plus, ça s'est très bien passé. Aucune douleur, quasiment aucun mauvais passage, j'ai pu garder le même rythme du début à la fin, et même accélérer un peu les derniers kilomètres. Très agréable.

Les jambes, bonnes princesses (ça doit pouvoir se dire ça, non?), ont attendu le lendemain pour signaler très clairement qu'elles auraient souhaité être un peu mieux préparer à ce genre d'épreuve. Et je jour d'après. Et celui d'après.

Je suis chaque année un peu plus rapide, mais je perd des places au classement. Il semble que le niveau progresse un peu au fil du temps.

Année      Temps      Clt. Gén.      Clt. Cat.
2012      3:26:00      23/732      4/190
2013      3:10:23      26/804      2/241
2014      3:05:59      28/834      5/261

Très bonne organisation, les enfants sont au taquet:


Les photos sont ici.

Et pour finir l'année, 10 jours plus tard, le 10 km d'Adachi. Ça se passe tout près de chez nous, le long de la rivière Arakawa, parcours souvent très venteux. Ce jour là, c'était plus que ça. Un vent à décasquetter les coureurs. J'espérais battre mon record, mais dans ces conditions, c'était compliqué. 39:15, à 24 s de mon record, c'est pas mal quand même, surtout que la préparation n'était pas du tout tournée vers cette course. Yuki a bien couru aussi, en 47:33.

Et voilà, c'est tout pour l'année 2014, qui restera dans les annales comme l'année ou j'ai réussi à terminer mon premier 100 miles. Maintenant, en route vers de nouvelles aventures, pas plus tard que demain, comme signalé précédemment, accompagné de 36000 camarades, sur le marathon de Tokyo.

lundi 13 octobre 2014

Histoires de sandales

Je travaille une partie de mon temps dans une salle blanche, c'est à dire une salle dont l'air est filtré pour éliminer une partie des particules qui pourraient polluer les dispositifs microscopiques que nous fabriquons.

Nous quittons nos chaussures à l'entrée de la salle blanche et les laissons dans des casiers.

Un matin, j'ai vu dans l'un de ces casier une paire de sandales avec le message suivant: "Je me suis trompé et j'ai mis ces sandales. Je suis vraiment désolé. Je les rend."



Quelques jours plus tard, je vois d'autres sandales accompagnées du même message. Tout est bien qui finit bien, les deux paires de sandales ont retrouvé leur propriétaire respectif.


Fin de la première histoire de sandale.


Histoire de sandale II.

Un autre jour encore, je suis tombé sur des sandales coffre fort. J'ai pris cette photo, juste pour illustrer le niveau de sécurité au Japon. Dans notre pièce à l'entrée de la salle blanche, où l'on peut laisser des affaires, il n'est pas rare de voir des sacs ouverts avec portefeuille en vue et sans propriétaire à l'horizon. Depuis 10 ans d'existence de cette salle, aucun vol n'a jamais été reporté.
Cela explique aussi pourquoi les japonais sont des cibles si recherchées pour les pickpockets d'autres pays moins sûrs que le Japon.


Un petit complément. Deux jours après avoir écrit cet article, j'ai vu ça (chaussures accompagnées de clés, cartes de transport et la petite peluche qui va bien). Je me suis dis que ça ferait une bonne illustration supplémentaire. A noter toutefois que seuls les utilisateurs de la salle blanche ont accès à ces étagères, ce qui représente quand même environ 600 personnes.


lundi 4 août 2014

67th Fuji Moutain Race

Ou encore 第67回富士登山競走 en Japonais.

Date: Vendredi 25 Juillet 2014.
Course au sommet: 21km et ~3000m de montée
Course jusqu'à la station 5: 15km et ~1480m de montée

Pour participer à la course vers le sommet du mont Fuji, il faut avoir préhalablement complété la course vers la station 5 en moins de 2h20 si mes souvenirs sont bons. C'est ce que j'ai fait l'année dernière. Je l'ai terminée en 1h53. Cette année, je pouvais donc m'élever un peu plus haut vers le ciel. Jusqu'à 3702m pour être exact, puisque l'arrivée ne se fait pas au point culminant, qui lui se situe à 3776m, mais à la fin d'un des sentiers qui mènent sur le bord du cratère.

Etant pas mal occupé au travail ces derniers temps, je ne pouvais pas m'entraîner beaucoup pendant les jours de semaine, mais je faisais de longues distances le weekend. J'étais donc assez confiant en ce qui concerne mon endurance, et très peu pour ce qui est de la vitesse. Mais pour une course d'environ 4h, l'endurance est sans doute plus importante que la vitesse.

Cependant, il y a un autre paramètre d'importance dans cette course: l'altitude. Jusqu'à une semaine avant la course, je n'avais grimpé le mont Fuji qu'une seule fois, et ce ne fut pas une merveilleuse expérience. Yuki et moi nous étions inscrit pour monter avec un groupe, accompagné d'un guide. L'allure était très lente, et nous avons eu beauuuuucoup de temps pour apprécier la fraîcheur des nuit d'été sur le mont Fuji. Bref, nous étions congelés, avec notre polaire et notre pauvre poncho à 100 yens. Il faut croire qu'on manquait encore un peu d'expérience de la montagne. Il faut dire que je n'étais jamais monté aussi haut. J'ai eu très mal à la tête, et j'avais un besoin pressant et constant de soulager ma vessie. J'ai donc dépensé une fortune dans les toilettes du Mt Fuji, dont le coût est proportionnel à l'altitude. Et malgré la foule, j'ai même commis le sacrilège de pisser directement sur le mont sacré, un peu à l'écart du chemin. Dans la nuit, ça restait relativement discret. Ah, j'allais oublié le repos de quelques heures dans un refuge accompagné de la douce mélodie des ronflements. Au moins, le levé de soleil depuis le sommet était magnifique et compensait cette ascension difficile.

Quelques photos d'époque (18 août 2005):








Et enfin, pour le bien de ce blog, Yuki accepte de sacrifier sa réputation en me laissant présenter la photo suivante. Nous n'avons pas réussi a déterminer la signification de ce regard. (Correction: je me suis souvenu. Je pense que Yuki tentais avec plus ou moins de succès d'imiter l'énorme paquet de doritos qui avait gonflé avec l'altitude. Saluons la performance.)


Bref, (je crois qu'il n'y a pas un article où je n'utilise pas ce mot, bref, très pratique) revenons à un temps où les moins de 20 ans n'auront plus 20 ans dans 20 ans, et plus spécifiquement au temps présent moins quelques jours.

Dans le but de créer une vision plus positive de ce volcan, et avec le frêle espoir de m’acclimater quelque peu à l'altitude, j'ai fait un entraînement sur le Mt Fuji le lundi précédent la course. Comme je suis pingre et impatient, j'ai décidé de partir de la station de train Gotemba, ce qui est la façon la plus économique et la plus rapide de s'approcher du mont depuis notre appartement de Yanaka. Il m'a fallu 8h pour atteindre le sommet, le vrai, à 3776m, et pour redescendre jusqu'à la station 5 (pas la même que celle de la course, car il s'agissait d'un autre sentier). J'ai pris le bus depuis la station 5 pour retourner à la station de train, car en monté ça allait, mais je ne voulais pas détruire complètement mes gambettes avec 16km de descente sur route. Au total, 36km et 3310m de montée. L'effet sur la course du vendredi suivant serait-t-il positif ou négatif, je n'en savais trop rien, mais au moins, j'ai pu avoir une bien meilleur expérience de la montée du mont Fuji que la première fois. Pendant la montée sur la route, sur des km et des km, il y avait des forêts interdites de chaque côté, pour cause de terrain militaire. Ces derniers s'en donnaient à cœur joie, et ma montée fut accompagnée des bruits de tonnerres et tremblements des obus qui explosent au loin. Je me suis dis que cette montagne ne doit pas être si sacrée que ça et j'ai eu un peu moins de scrupule à pisser à nouveau sur ce patrimoine culturel de l'humanité (c'est pas que j'ai pas de respect, bien au contraire, mais quand il faut, il faut...).

Quelques photos de l'entraînement:

Quelqu'un a oublié ses sandales à la station Gotemba.

La dernière côte vers le point culminant.

Le temps était mauvais, avec très peu de visibilité, mais au sommet, on a eu droit à une petite éclaircie avec une belle vue du cratère.

Coucou :)


La descente de ce côté, c'est du gravier à n'en plus finir. C'est très sympa, on peut se laisser aller sans se faire mal, mais ça mériterai des bonnes guêtres pour éviter les tonnes de cailloux dans les baskets.

Et vint enfin le jour de la course. Mes jambes semblaient bien remises. Yuki et moi somment arrivés vers 6h20 sur le lieu du départ. Yuki avait essayé de s'inscrire sur la course vers la station 5, mais comme l'année dernière, c'était plein en quelques minutes, et elle n'a pas eu son ticket. C'est plus facile pour la course au sommet (moins de candidats et plus de place). J'espère qu'elle y arrivera l'année prochaine. Mais cette année, elle était encore là dans le rôle de supportrice.

Quand j'ai pris place dans le bloc B, environ 25min avant le départ, il y avait déjà foule. Je suppose qu'il doit falloir venir au moins 45min avant le départ pour avoir une place devant. Ou bien faire comme de nombreuses personnes, venir sur le côté. J'aurai aimé qu'après 66 éditions ils eussent pensé à mettre quelques barrières pour que les personnes arrivant en retard soient obligées de se mettre à l'arrière. Il est toujours frustrant d'attendre une demi-heure et de voir des gens venir se placer devant au dernier moment.

Pendant que nous attendions le départ, Yuichi, un ami de Namban Rengo qui devait partir 1h30 plus tard pour la course jusqu'à la station 5, nous a rejoint. Nous avons pu discuter et ça a fait passer le temps plus vite.

Le départ fut donné à 7h pétante. Il faisait déjà chaud, mais beaucoup moins que l'année dernière. Normal, j'étais parti à 8h30 pour la station 5. J'avais prévu de démarrer lentement, laissant mes pulsations cardiaques monter tranquillement de ~130 à ~140 pendant les premiers km, et de produire mon effort lorsque nous attaquerions le sentier après une dizaine de km de route. Mais quand j'ai vu la foule immense devant moi, j'ai pensé que si je ne commençais pas à dépasser maintenant, le sentier serait probablement bondé, et doubler serait alors beaucoup plus compliqué. Alors j'ai accéléré, et quand j'ai vu mon poux atteindre les 146, j'ai juste oublié mon plan et continué comme ça. On verra bien ce que ça donnera!

J'allais donc à un bon rythme sur la route. En tout cas c'était mon impression. Quand j'ai atteint le sentier, il y avait plus de monde que l'année dernière, et c'était un peu moins facile de doubler, mais ça restait faisable sans trop de problème la plupart du temps, même s'il fallait souvent emprunter un trajet non optimal pour ce faire. Jusque là tout va bien me disais-je. Mais le temps passais, et la station 5 n'était toujours pas en vue. Avant la course, j'ai vérifié les temps des personnes arrivant en un peu moins de 4h (mon objectif), et la plupart passaient à la station 5 en 1h50~1h55. Je suis passé en 2h02. J'étais surpris car je pensais que j'allais aussi vite que l'an passé, mais en réalité, j'étais 9min plus lent. Je suppose que le manque d'entraînement rapide est en partie responsable. Mais j'étais bien moins fatigué que l'année dernière, alors j'ai pensé que ce n'était pas encore le moment d'abandonner mon objectif. Surtout que mon terrain préféré restait à venir: les sentiers de montagne.

Alors j'ai pris une demie-banane (au total j'ai mangé deux gels, un snicker et deux moitiés de bananes), j'ai continué de plus belle, j'ai beaucoup doublé et finalement j'ai commencé à voir de plus en plus de dossards affichant "bloc A", ce qui me motivait et me faisait penser que ça allait peut être le faire après tout. A un moment, j'ai rattrapé Chris, un autre nambanner. J'ai été surpris car il est très rapide sur la piste (5000m en 16min et quelques!). Apparemment ce n'était pas son jour. Il finira par abandonner à la station 8.

Comme je ne savais pas trop où se trouvait la ligne d'arrivée, je n'ai pas pu relâcher la pression jusqu'à la fin, et finalement, j'ai franchie cette ligne en 3h53min14s, très heureux de ce temps et de la course en général. Je termine 259ème homme, 268ème au classement général, sur 2500 partants. Je pense donc pouvoir partir dans le bloc A l'année prochaine. Ça peut donner un avantage de 2 ou 3 minutes, ce qui n'est pas négligeable parce que ça ne sera pas évident de faire mieux étant donné que tout s'est bien passé cette année. De toute façon, je vais essayer ;)

Yuichi san et moi, avant le départ (photo de Yuichi san)

C'est pas mon truc, mais Yuki a insisté...

 Oups...

Il reste un peu de neige.

Et voilà l'arrivée. Sauf qu'après on a encore 7km et 1500m de dénivelé à descendre pour rejoindre les bus.

Mes temps de passage.

Il y a des photos de la veille (parc d'attraction Fujikyuu highland) et du lendemain (ballade à la campagne) ici.
Et les données gps .

Prochaine course, l'Ultra Trail du Vercors le 6 septembre.




samedi 12 juillet 2014

16th Kitatanzawa 12h Adventure Race

6 juillet 2014
44.24km, +2750m
1712 participants, 1456 arrivants
Yuki: 7:49:17, 401 au clt. général, 39/102 femmes, 20/62 dans sa catégorie
Eric: 5:55:35, 103 au clt. général, 101/1301 hommes, 34/581 dans ma catégorie
Kevin: 6:06:40, 132 au clt. général, 80/536 dans sa catégorie
Corry: 6:43:00, 288 au clt. général, 106/581 dans sa catégorie
Don: 6:44:08, 300 au clt. général, 110/581 dans sa catégorie



Tout d'abord je dois dire que je n'ai pris aucune photo. Toutes les photos illustrant cet article ont été glanées ici ou là sur le web. J'espère que les auteurs ne m'en tiendront pas rigueur. En tout cas je les remercie.
(First I must say I didn't take any picture. All the pictures illustrating this article have been found on the net. I hope that the authors will not be upstet about this. Anyway, thanks to them.)

Suite à la 15th édition de cette course, décrite ici, Yuki et moi étions frustrés de n'avoir pu donner notre maximum d'une part pour avoir été pris dans les bouchons du fait de notre départ dans la deuxième vague, et aussi pour ma part, à cause de ma blessure au genou droit qui m'avait obligé à marcher dans la dernière descente...en conséquence de quoi Yuki m'avait rattrapé, dépassé et lâchement abandonné dans le dernier kilomètre.

C'est donc le cœur revanchard que nous nous sommes inscrit pour cette 16ème édition.
Mais au moment de prendre le départ, seul mon cœur restait revanchard, celui de Yuki étant plombé par quelques soucis physiques. Pas en forme, cheville douloureuse. Son objectif était passé de "je vais tout faire péter!" à "je vais me contenter de terminer la course". Mon objectif était de terminer sous les 6h. Objectif rempli pour tout les deux :)

Nous sommes resté dans le même hôtel que l'année dernière, avec chambres communes de quatre personnes, et les habituels ronflements. Nous sommes allé à la même fête, le samedi à 17h, sur le lieu de la course, à 15min à pied de l’hôtel, avec toujours peu de monde parce que l'annonce est difficile à trouver dans le programme, que même que c'est surement fait exprès parce que sinon la maigre pitance ne suffirait point. Tout comme l'année dernière, je rencontre Erwan, qui ne participe pas cette année car il a fait une course de plus de 100km le week end précédent (avec une méchante coupure à la jambe en prime), mais qui vient encourager les coureurs, avec sa fille Emilie. Il m'annonce que l'UTMF sera probablement déplacé à septembre ou octobre l'année prochaine, au lieu d'avril cette année. Une nouvelle importante somme toute, qui devrait être rendue officielle début Aout.

La petite cérémonie terminée et les mets achevés, nous remontons en direction de l’hôtel et lorsque nous arrivons, nous constatons que le repas est déjà servi. Soit, poursuivons la recharge énergétique. Le repas, typiquement japonais, était très copieux et j'ai trop mangé. Ça n'a pas porté à conséquence, si ce n'est que je n'ai pas pu finir mon petit déjeuner le lendemain, tout aussi copieux.

Mais passons les détails, et venons en à la course. Départ à 6h30, dans la première vague, donc. D'autres nambaners sont présent, Don, Corry et Kevin. Yuki et moi nous séparons pour cause de passage aux toilettes. Je vais m'installer sur la ligne de départ 25min avant le coup de feu, mais pas tout devant cette fois, car c'est une grosse course, avec beaucoup de bons coureurs, et pour le coup, je ne me sentirais pas trop à ma place. Tant pis pour la photo. Je me place pas trop loin quand même, et avance encore un peu quand je rejoins Kevin qui s'est installé un peu plus près des avants postes. Nous avons le même objectif, les 6h.

Avant le départ, Kevin n'est pas encore là et je discute avec deux japonais. L'un deux, avec qui je partageais la chambre, à fait 3ème de la CCC (dans sa catégorie d'âge je présume, c'est à dire plus de 60), premier à la TDS et il a terminé l'UTMF en un peu plus de 37h cette année.

J'ai la surprise de voir Marie, une espagnole au Japon depuis quelque mois, qui m'avait contacté pour me demander des renseignement sur la course, faire un petit discours en japonais. C'est une bonne coureuse, qui fait parti du team Ukyo. Elle était à la course Higashi Tanzawa, et d'après son résultat, on doit avoir à peu près le même niveau, sauf qu'elle a moins d'expérience sur les trails et sur les longues distances.

Départ de la course

Le départ est donné à 6h30 pétante et la foule s'élance sans retenue, malgré une première côte courte, mais très casse patte. Idéalement, j'aimerais marcher dans cette première côte. Je ne perdrais que peu de temps que je pourrais rattraper très vite sur le plat suivant et surtout je perdrais moins d'énergie. Mais cette fois, il n'y a vraiment personne qui marche, alors je fais mon mouton, et cours comme les autres, mais moins vite.

Première côte casse-pattes juste après le départ.

Je suis donc passé par beaucoup de monde, mais j'en repasse pas mal dans les deux km de légère montée suivants. Kevin est parti plus vite. Je ne le retrouverai que 30km plus loin, au pied de la dernière ascension. Le pilote de chasse qui m'avait battu au sprint au trail de Nokogiriyama me rejoint et on discute un peu. J'aurai aimé prendre ma revanche, mais il terminera 4min avant moi. Corry me passe et je vais le saluer. Puis j'accélère un peu parce que le premier sentier se rapproche et qu'il y a toujours des risques de bouchons. Je rejoint Marie juste au début de la première côte (+400m). Je lui dis quelques mots, mais je ne suis pas sur qu'elle me comprenne, à cause de mon mauvais anglais peut être et de ses écouteurs surement.

Juste à l'entrée de la forêt, il y a deux bâches bleues avec de la poudre blanche dessus. Tout le monde passe dessus, sauf moi, ne sachant pas ce que c'est. Je comprendrais à la sortie de la forêt, quelques km plus tard, où il y avait la même installation. C'est du sel, pour éviter que les sangsues ne s'accrochent dans un premier temps, et si elles sont têtues et s'y collent quand même, pour les décoller dans un second temps. Bien qu'ayant saisi l'astuce, je ne passe pas sur le sel la seconde fois non plus, parce que j'ai peur que ça pique, avec la transpiration. De toute façon, les sangsues n'ont pas voulu de moi.

L'entrée du premier chemin quand on n'est pas aux avant postes. On comprend pourquoi tout le monde part un peu trop vite.

Cette première montée se passe sans difficultés, sur un rythme correct mais sans plus. C'est bien pour un début. La descente suivante est un peu lente à mon goût, mais rien de bien méchant. Marie était derrière moi dans la montée, mais dés le début de la descente, elle a disparue. Elle m'a dit être très prudente en descente. Je me dis que c'est pour ça. Plus tard, j'apprendrais qu'elle avait des mots d'estomacs, c'est peut être aussi la raison. En tout cas, après un début de course difficile, elle a pu apprécier les 15 derniers km et finir dans un bon temps de 6h38 (6ème de sa catégorie).

Le podium avec Marie, 6ème des moins de 40ans, et Yamaguchi, une orienteuse du club ES Kanto sur la première marche, deuxième au classement général derrière l'incontournable Ooishi.

Kevin n'était qu'à quelques encablures devant dans la montée, mais il a dû foncer dans la descente, et surtout dans la longue portion de route suivante (8km), parce que j'avais un bon rythme, j'ai doublé pas mal de monde, mais je ne l'ai pas rejoint. Il y a souvent beaucoup de route dans les trails au Japon. Au début je n'aimais pas ça, mais je me suis habitué, et je commence même à apprécier. Cela met en valeur la pluridisciplinarité. C'est bien de savoir monter et descendre dans les chemins techniques, mais c'est pas mal de savoir courir aussi! Et sentir que le travail que j'ai fais sur route paie est agréable. Cela dit, je n'ai pas trop le choix, parce qu'en habitant à Tokyo, l'entraînement, c'est soit la route, soit deux heures de trains pour la montagne.

Mais tout de même, après 35min à courir le bitume, ça fait du bien de s'arrêter un peu pour remplir les bouteilles au premier ravitaillement, puis repartir en mode trail, pour la seconde montée de 800m. En parlant de bouteille, j'ai testé cette fois les flasques molles de Salomon, et elle me plaisent bien. C'est plus pratique à transporter quand c'est vide, c'est plus agréable sur la poitrine et pas besoin de les sortir de la poche quand on boit, sauf à la fin pour finir les dernières gorgées. Adopté ! Je n'ai rempli qu'une flasque car, j'ai oublié de le mentionner, mais le temps cette année était idéal, beaucoup moins chaud que l'année dernière.

C'est ici que je rempli ma flasque.

Et me voilà parti pour la deuxième ascension.

Cette dernière photo a été prise par Erwan, que je ne reverrais plus avant la fin de la course car il va suivre les coureurs de tête. Par contre, je reverrai sa fille, Emilie, qui n'est pas avares d'encouragements.

Emilie qui, probablement, se rafraîchi les mains après avoir trop applaudi ;)

Cette montée se passe bien, à un bon rythme. Rien a voir avec l'année dernière, où c'est là que nous avions eu les bouchons les plus sévères. Il y a une petite descente intermédiaire, et quand la montée reprend, je rattrape et dépasse la troisième fille (je saurais plus tard qu'elle était 3ème). La descente suivante est plaisante, même si je suis obligé de prendre un peu mon mal en patience dans la deuxième partie derrière une file de coureur pas trop rapide. Plusieurs fois, des "raku! raku!" signalent des chutes de pierre, mais plus de peur que de mal à chaque fois. Au cas où, je repérais les arbres qui auraient pu me servir de refuge...on n'est jamais trop prudent.

En bas de la descente, c'est le second ravitaillement. Je me suis un peu embrouillé, j'ai cru que c'était là qu'il fallait que je remplisse mes trois bouteilles, c'est donc ce que j'ai fait. Mais après je me suis rappelé que c'était au ravitaillement suivant. Pas grave. Mon sac était un peu vide, ça fait contrepoids par rapport aux deux bouteilles de devant. Je prend une demi-banane, et continue mon chemin en ignorant les concombres. 


S'ensuit une nouvelle montée de 400m. Nous sommes presque à la moitié du chemin. Je me sens bien et je décide d'accélérer un peu. Un peu trop. Une petite inattention et je me cogne fortement le genou droit contre un rocher. Aï aï aï !!! Ça fait mal! Je ne m'arrête pas et continue en boitant, mais cède la route à 3 coureurs que je venais de doubler, dont la 3ème fille qui m'avait repassé pendant le ravitaillement et que j'avais repassé pendant ma très éphémère accélération. C'est douloureux quand il y a des grandes marches. Je me demande si la malédiction de Kitatanzawa est en train de naître pour moi. Est-ce que je vais encore devoir me traîner péniblement jusqu'à l'arrivée à cause d'une douleur au genou? Heureusement, la réponse est non, la douleur sera passagère. Pas de malédiction. A ce moment là, peu après avoir passé un panneau indiquant 20km, un volontaire nous dis que nous sommes aux alentour de la 145ème place.

Près de la fin de la 3ème ascension.

Ce petit contretemps m'a quand même rendu le reste de la montée un peu pénible, avec quelques douleurs et ce petit doute. Mais une fois la descente entamée, c'est allé à nouveau mieux. Une longue descente de 8km sur un chemin large mais très caillouteux, puis une route. J'ai encore doublé pas mal de monde sur cette portion. C'est toujours agréable :)

Le début de la seconde longue portion de chemin forestier et route

S'en vint le troisième et dernier ravitaillement officiel. Il y avait parait t-il des petits pains à la pâte de soja (anko), mais je ne les ai pas vu. Dommage, moi qui ne les apprécie pas particulièrement en temps normal, pendant les trails, ça passe très bien, et j'en aurai bien pris un. Je rempli rapidement mes flasques et repart de plus belle attaquer la dernière grosse montée (900m). Pour cela il faut traverser une rivière sur un petit pont, et c'est là que je vois Kevin. Ça me fait plaisir, je ne pensais plus le rattraper. Nous attaquons ensemble la montée, sur un bon rythme. Enfin tout est relatif. Après 4h de course, je pense que c'était un bon rythme. A ce niveau, il n'y a pas trop de coureurs à la dérive, comme on peut en voir un peu plus loin dans le pelotons, même si quelque-uns sont obligés de faire un pause sur le bord du sentier pour reprendre leur souffle. Là encore, il y a un premier sommet avant une courte descente puis la deuxième partie de la montée. Peut être Kevin s'est-t-il arrêté un peu à ce sommet, car je l'ai perdu de vu et ne l'ai plus revu jusqu'à l'arrivée.

Quelque part dans la dernière ascension.

Pendant cette courte descente, il y a une petite falaise à passer avec des cordes pour s'aider. Juste avant ce passage, un coureur m'a cédé le passage. Je ne voulais donc pas le faire attendre et lui faire regretter son geste, et je me suis un peu trop précipité. J'ai glissé et me suis retrouvé suspendu à la corde tel un tarzan empoté. Rien de bien grave si ce n'était que mes deux mollets, surpris de ne plus toucher terre, en ont profiter pour cramper simultanément. Ouch, qu'est ce que c'est que ce travail ! J'ai vite rejoint la terre ferme et étiré ces deux mutins simultanément sur le sol en pente. Les crampes sont passées très vite, mais il m'est resté une douleur gênante dans les deux mollets qui ne me quittera pas jusqu'à la fin de la course ainsi que les deux jours suivants. Jusque là, les jambes allaient très bien. Dommage! Mais c'est ma faute. Et c'est aussi l'intérêt du trail. Ça demande une attention plus grande que les courses sur route, et cette attention permanente (du moins dans les parties techniques) est une partie du plaisir de ce sport.

Il se trouve qu'il y avait justement un photographe pour immortaliser la scène.




J'ai commencé à souffrir un peu dans cette fin de montée, car je ne voulais pas trop ralentir, ayant plusieurs coureurs aux trousses. La fin de la côte s'effectue sous les cris "cola, cola" des habituels volontaires, indépendants de l'organisation, qui ont chaque année la gentillesse de monter de nombreuse bouteilles de coca jusqu'à ce sommet et d'en distribuer un petit verre à chacun des coureurs. Ce petit verre fait toujours du bien, même si l'année dernière, avec la grosse chaleur, je l'avais encore plus apprécié. Sur la portion plus ou moins plate suivante, j'accuse le coup. Je ralenti un peu, mange, et après deux ou trois km, ça va mieux. Je peux entamer la descente dans de bonnes conditions. Je me fait plaisir dans cette descente, assez technique parfois, et je suis heureux en repensant à l'enfer que c'était l'année dernière.

Distribution de Coca. Merci Minie (c'est un homme...)

Je ne peux pas relâcher la pression, car les 6h de course approchent, et je ne me souviens pas exactement combien il reste de distance, même si je pense que ça devrait le faire. Et finalement, j'arrive en 5h55, très heureux et satisfait de ma course. Je vois le pilote de chasse qui me dit qu'il est arrivé 5min plus tôt et on se congratule. Je m'assois sur une chaise et ne remarque même pas le volontaire que m'enlève les puces électroniques de mes chaussures. J'étais assez fatigué après cette fin intense, mais une "bonne" fatigue.


J'attends l'arrivée de Kevin qui ne se fait pas attendre longtemps puisqu'il franchit la ligne en 6h06. Il me dit avoir lâché dans la montée. Nous mangeons nos udon ensemble (pâtes épaisses), puis l'on se quitte car il rentre en voiture, et à Tokyo, mieux vaut ne pas rentrer trop tard, sinon gare aux embouteillages ! Je décide d'aller prendre mon bain car l'année dernière, quand je l'ai pris plus tard, c'était vraiment bondé. Et puis je sais que cette année, je risque d'attendre Yuki longtemps.

Le bain est effectivement bien plus accessible que l'année dernière, et je ne fais même pas la queue pour la douche. Je ne reste qu'une dizaine de minute dans le bain extérieur en espérant voir l'arrivée de Corry, Don, ou Marie, mais c'est raté, ils arriveront tous pendant mes ablutions. Dommage. La priorité, c'était quand même de voir l'arrivée de Yuki. Celle-ci se fera après 7:49 de courses. Je trouve son état correct, même meilleur que le mien juste après l'arrivée. Mais elle souffrait d'une cheville avant le départ, et s'est tordue l'autre cheville pendant la course. C'est mieux, c'est symétrique ;) Et elle a encore souffert dans les montée, rien à voir avec l'année dernière où elle s'y sentait bien. La décision est prise, elle ne prendra pas le départ de l'Ultra Trail du Vercors début septembre, et va faire un petit break avec la course à pied, en attendant que l'envie et la forme revienne naturellement.

Yuki a un moment où elle a l'air en pleine forme. C'est pour la photo ou quoi?

Elle va se baigner, me dit qu'elle va faire vite et qu'on se retrouve dans une demi-heure. Je passe une partie de cette demi-heure avec Don et Corry au bord de la rivière, puis vais l'attendre devant la sortie du bain. Une heure passe, je commence à me demander si elle ne m'a pas abandonné et est rentrée à Tokyo toute seule. Heureusement je vois Emilie qui sort du bain et qui me dit que Yuki ne va pas tarder. Mais elle a perdu les clés du placard à chaussures. Finalement je rentre dans le bâtiment, et la retrouve en train de fouiller son sac. Bref, après quelques minutes de recherches supplémentaires elle finit par retrouver sa clé.
Correction: après avoir lu ce récit, Yuki m'a dit qu'elle avait passé 20min à essayer d'enlever le strapping de ses chevilles avant d'aller au bain. Le problème c'est qu'à chaque fois qu'elle essayait, elle prenait des crampes aux cuisses. Ah là là, mais qu'est ce qu'on fait subir à nos pauvres jambes.
Correction de la correction: elle avait un strapping à une seule cheville. Ouf. Sinon ça faisait 20min de plus ;)

Allez, c'est le sprint final de ce long récit. Nous sortons, elle mange ses udons, nous prenons le bus pour la station, longue attente avant son départ, puis le train, longue attente avant son passage, et arrivons enfin chez nous !

Bien, il faut quand même que je fasse une petite conclusion. C'était une longue journée, mais je suis très satisfait de la course, du résultat et de tous le parcours effectués depuis l'année dernière. C'était moins bien pour Yuki, mais c'est l'occasion d'un nouveau départ. Il sera intéressant de voir où nous en serons l'année prochaine à la même époque.

The end.

PS: les données gps sont ici.