Je n’ai pas réussi à alimenter mon blog plus régulièrement comme je l’envisageais dans mon dernier message. 6 mois plus tard, un petit bilan sur cette première partie de saison, dont le point d’orgue sera l’Ultra Trail du Mont Blanc (UTMB), fin aout, la Mecque du trail, avec ses 166km et 10000mD+.
Et si on essayait d’aller un peu plus vite.
J’ai passé les deux premiers mois de l’année à améliorer ma vitesse, avec deux séances de fractionné sur piste par semaine. Pas de trail blanc cette année. Mais ça ne m’a pas trop manqué parce que je me suis fait plaisir à l’entraînement, battant mes records presqu’à chaque sortie. J’alternais des séances de 2x10x200m, 6x1000m, 14x400m et 3x3000m. Mes meilleurs temps sont les suivant :
- 2x10x200m R30’’ en 36’’97 de moyenne (R=temps de Repos)
- - 14x400m R1’ en 1’22’’21
- - 6x1000m R1’45 en 3’39’’15
- - 3x3000m R3’ en 11’27’’42
J’aurais aimé conclure cette période par un 10km ou un semi, mais il n’y en avait pas près de Besançon. Cependant, mon premier trail était relativement court et très roulant et j’y ai obtenu mon meilleur résultat en trail jusqu’à présent : 19ème sur 224. C’était le trail de Gy : 26km et 550D+ en 1h59’10’’. C’était super. Je suis parti vite, en suivant une fille que je connaissais et que je savais être un peu meilleure que moi (Nathalie Pascal). Je n’ai jamais faibli et j’ai fini quelque secondes devant elle (première féminine). Mieux, je me suis senti bien tout le long, même si j’étais au maximum. C’était vraiment une belle course et un début de saison en fanfare. Ca n’allait pas durer…
Je comprends vite mais il faut m’expliquer longtemps…encore une petite leçon.
Après cette première course, je me sentais très bien et je suppose que j’ai encore repris un peu trop tôt, un peu trop fort. 3 jours plus tard je battais mon record des 200m puis encore 2 jours plus tard celui des 1000m. Le lendemain Yuki et moi partions pour 4 jours à Rome où nous avons énormément marché (~8h par jours) et le dernier jour, malgré un début de douleur à l’aine droite, j’ai fait une séance assez rapide, sous la pluie (dans le camping). Le lendemain, j’avais très mal, le surlendemain aussi et le week-end, j’ai couru le trail du val de Loue (30km, 1040D+) à peine remis. Je suis parti assez vite malgré tout espérant pouvoir tenir, comme à Gy. Au bout de quelques km, je me suis trompé de chemin avec une dizaine d’autres coureurs et j’ai perdu quelques minutes et un peu d’énergie. Après, je n’ai pas pu tenir le rythme et j’ai faibli régulièrement sur les 10 derniers km. A titre de comparaison, je finis en 3h10 avec cette fois 20’ de retard sur Nathalie Pascal. Mais j’étais quand même satisfait car deux jours plus tôt, je n’étais même pas sur de pouvoir courir tellement j’étais mal en point.
Cette fois, je me suis reposé la semaine suivante, mais j’ai quand même participé le week-end au raid orientation de Besançon (25km, 1156mD+ en 2 h58’33’’), une course au score (il faut poinçonner le plus de balise possible en un temps limité, ici 3h, en choisissant son parcours). J’ai fais toutes les balises sauf une. Malheureusement je perds un des deux cartons qui servent à poinçonner les balises, avec deux balises déjà poinçonnées qui ne seront pas comptabilisées (je retrouverai le carton quelques mois plus tard lors d’un entraînement avec Yuki). Je finis malgré tout 4ème (sur ~30 ?). C’était une course sympa, ça m’a bien plût.
Suite à cela, je me remets aux fractionnés dans la semaine, et le week-end suivant, c’est le trail des reculées (35km, 1105D+ en 3h35’20’’). Les sensations sont correctes, mais je fais un moins bon temps que l’année dernière. Je pense que la chaleur y était pour beaucoup car je suis à peu près au même niveau par rapport au classement, donc c’était dur pour tout le monde. Et puis je n’étais pas encore complètement remis de mes difficultés des dernières semaines. Bilan mitigé donc. Le positif c’est que les sensations reviennent, le négatif c’est un résultat moyen. Mais aussi un autre enseignement très important : la poudre décathlon n’est pas bonne pour moi ! En effet, comme j’ai souvent des problèmes d’écœurement (plus envie de boire ni de manger) au bout d’un certain temps de course, j’ai décidé d’essayer de ne boire que de l’eau, alors que jusqu’à présent je mettais toujours de la poudre énergétique décathlon (car la moins chère) dans mon eau. Miracle, je n’ai pas eu mal à la tête, j’avais l’esprit beaucoup plus clair que d’habitude, c’était bien plus agréable. Il était temps que je m’en rende compte !!! Après trois ans de trail !
Dans les semaines qui suivirent, j’ai fait beaucoup de courses d’orientation, tout en essayant de retrouver ma vitesse de début d’année à l’entraînement. Je n’en étais pas loin, mais les records ne tombaient plus et les sensations n’étaient pas aussi bonnes. Par contre, je pense avoir progressé en orientation, surtout par le fait d’arriver à ralentir à l’approche des postes ce qui me permet de faire moins d’erreurs. Je suis devenu plus régulier.
Finalement est arrivé le premier objectif de la saison : le trail des Forts de Besançon (44km, 2020mD+, en 5h15’06’’). Ca ne s’est pas trop mal passé, mais pas trop bien non plus. Je n’ai jamais trop souffert, mais je ne me suis jamais senti très bien. Je suis parti relativement lentement et malgré cela je n’ai pas réussi à maintenir ma vitesse, qui s’est dégradée au fil du temps. Cela dit, les autres coureurs ont, d’une manière générale, encore moins bien géré, car je n’ai pas cessé de remonter des places (153, puis 130, puis 106ème sur 404 finishers). Un peu déçu tout de même. Je commence à être un peu fatigué des trails. Je ne me fais pas tellement plaisir, c’est dommage, c’est quand même un des objectifs.
Après un départ en fanfare, j’ai donc marqué le pas pendant 2 mois avec des sensations et des résultats moyens.
Finalement, la forme revient avec les km qui augmentent.
Je récupère bien pendant une semaine, refait un peu de fractionné, en battant mon record des 6x1000m au passage, puis 3 semaines plus tard, je continue à monter en distance, avec l’Ultra Trail de Côte d’Or (85km, 2400mD+ en 11h06’26’’, 29ème/150 finishers) le 28/05/2011. Pour moi un trail qui ne mérite pas trop le nom de trail car il y a pas mal de routes et de chemins blancs, assez rectiligne, monotone, peu de dénivelé, et soudain, au 60ème km, une piste noire, une descente pas longue mais très raide et glissante que j’aborde un peu trop vite. Je me fais mal au genoux. Heureusement ça passera par la suite. Les 25 derniers km sont un peu plus typés trail, avec quelques beaux chemins. Je suis aussi un peu catastrophé par la façon dont ils ont peinturlurés tous les arbres en orange pour baliser le parcours. Et ils se disent « verts », tout ça parce qu’il faut prendre son propre gobelet, comme sur la plupart des courses maintenant. Bref, un peu déçu par la course en elle-même, mais satisfait d’avoir bien couru et pas trop souffert. Et d’avoir pu accélérer les 3 derniers km pour finir en trombe. C’est là que j’ai commencé à penser que j’en gardais peut-être un peu trop sous le pied pendant mes courses. J’ai eu aussi la confirmation que je me sens mieux quand je ne prends pas la poudre décathlon. Cette fois j’ai tourné au powerade au début puis alternance eau et coca par la suite.
Le grand duc : si dur, mais tellement enrichissant.
C’est là que vient le gros morceau de cette première partie de saison. Le fameux grand duc de Chartreuse avec ses 80km et 5000mD+ (un peu moins annoncé, mais je l’ai compris cette année, en fait il y a toujours plus de km qu’annoncé ; ça fait partie des difficultés de la course quand on n’est pas prévenu). La course sur laquelle j’ai le plus souffert dans ma courte carrière de traileur. Cette année je prends des précautions : je reste tranquille pendant les 4 semaines précédent la course, si ce n’est une petite course d’orientation. J’arrive donc reposé. Cette année encore il fera très chaud, cette année encore tout le monde partira trop vite, cette année encore il y aura moins de 50% de finishers et cette année encore le parcours, qui change chaque année, est magnifique, avec des montées très raides et des descentes à l’avenant. Et cette année encore, je vais avoir un gros coup de barre à une quinzaine de km de l’arrivée, mais je vais pouvoir me ressaisir et terminer correctement.
Plusieurs points positifs : j’étais bien pendant 65km et je me suis fait plaisir pendant pas mal de temps. La nouvelle poudre énergétique passe très bien (Hydraminov de effinov) : pas de dégout, je peux boire plus donc moins de déshydratation. Et comme il y a pleins de bonnes choses dans cette poudre, y compris des protéines, je peux moins manger et j’ai moins de problèmes de digestion. Aucuns soucis avec mes jambes. J’avais eu quelques alertes au genou droit lors de mes deux précédents trails, mais cette fois, aucun problème (peut-être dois-je remercier pour cela l’ostéopathe que j’ai vu une semaine plus tôt, et qui m’aurait remis le bassin en place…en tout cas il y a eu un effet parce que les 2 jours suivant la séance, j’avais les genoux qui jouaient des castagnettes : crac, crac, crac-crac, crac, ça n’arrêtait pas de craquer !). J’ai peut être aussi compris d’où venait mes douleurs au coup lors des longues courses. Je crois que c’est quand je pose mes mains sur les hanches pour reposer un peu les reins qu’une tension apparaît dans le coup (je fais parti de la petite minorité qui n’utilise pas de bâtons). Ainsi je ne pose plus les mains sur les hanches et j’essaye de me tenir encore un peu plus droit pour soulager un peu les reins. Ca n’a l’air de rien, mais sur ces courses au long court, le moindre petit détail peu avoir son importance, et c’est là qu’on voit l’importance de l’expérience.
J’ai aussi appris que je n’exploite peut être pas assez la force du mental (mais si, mais si, ne rigolez pas). En effet, après le dernier ravitaillement, au point le plus bas de la course, à 15km de l’arrivée, sous une chaleur accablante, j’ai commencé à me retrouver dans la situation de l’année dernière : épuisement général, plus d’énergie, je n’avançais plus. Je me suis posé quelques minutes à l’ombre, j’ai mangé une pâte d’amende, puis je suis reparti, mais ça n’allait pas mieux. Alors je me suis dis que si je continuais comme ça, j’allais finir comme l’année dernière, j’allais peut-être même mettre encore plus de temps, et puis j’allais faire attendre ma sœur et sa famille qui m’attendaient à l’arrivée. J’étais presque en colère. Alors j’ai essayé d’accélérer, en me poussant mentalement, en m’engueulant presque. Et j’ai commencé à me sentir mieux ! Et j’ai continué comme ça pendant toute la montée et je me sentais de mieux en mieux et je redoublais tous ceux qui m’avaient doublé avant. Ahhh si ça avait pu durer jusqu’à la fin. Mais non, une fois en haut, il y avait encore une dizaine de km de montagnes russes, et j’ai pas mal souffert, mais ça n’était pas l’agonie de l’année dernière tout de même. Finalement, j’ai terminé en 15h17’, 56ème sur 268 au départ, 118 à l’arrivée, moins épuisé que l’année dernière. Quand même un peu déçu sur le coup, me disant que les moments de plaisir ne contrebalançaient pas les moments de souffrance, que je n’arriverais jamais à mon but qui est de pouvoir courir longtemps sans souffrir, en me faisant plaisir, que l’UTMB faisait plus du double et que ça allait être terrrrriblement dur, mamannnn j’veux plus y aller !!! Mais après coup je pense qu’il y a beaucoup de satisfactions à tirer de cette course : j’ai pu voir que j’avais progressé malgré tout par rapport à l’année dernière, et surtout, j’ai beaucoup appris.
L’UTTJ : le plein de km, de plaisir, de camaraderie et de confiance
Deux semaines après le grand duc, je m’attaquais à la première édition de l’Un Tour en Terre du Jura, une course en deux étapes : 54km et 3400mD+ le samedi et 56km et 3100m le dimanche, au départ de St Claude, avec un bivouac à Mijoux. Du costaud à priori. J’ai essayé de récupérer le plus possible pendant ces deux semaines en pensant que je ne serais probablement pas au top, mais que ça fera de toute façon un bon entraînement pour l’UTMB. Il s’est avéré que c’est peut être ma meilleure course jusqu’à présent, pas tant au niveau du résultat (pas mal quand même : 33ème sur 198 partants) mais surtout au niveau des sensations. J’ai très peu souffert. J’entendais tout le monde dire que c’est très dur, mais pour moi après le grand duc, c’est passé comme une lettre à la poste ! Bon, je ne m’en suis pas trop venté, parce que quand tu vois les autres à l’agonie et que tu te ramènes en disant « ah bon, moi j’ai trouvé ça facile », tu risques de ne pas te faire beaucoup d’amis. Mais intérieurement, je jubilais J Je me suis même permis de partir un peu plus vite que d’habitude.
L’autre grand plaisir, ce fut l’ambiance. C’est ma première course sur deux jours et c’était vraiment sympa, surtout que beaucoup de gens se connaissent, moi-même je commence à connaître un peu de monde dans le coin, et c’était une atmosphère de franche camaraderie comme on dit. Et de très beaux paysages, même si on a raté le plus beau à cause des orages le dimanche matin. En effet, on a du prendre le parcours de replis et on a couru « seulement » 40km au lieu des 56 prévus le dimanche, avec pas mal de dénivelée en moins. Mais en prime un « bon » souvenir, avec une interruption de course de 2h, à rester trempé à greloter debout dans le garage d’un particulier, qui n’a pas ménagé sa peine pour nous fournir à tous un peu de café ou de thé. C’est dommage parce que j’étais parti vite et j’en ai perdu tout le bénéfice puisqu’on est reparti à nouveau tous ensemble. Mais après j’étais tellement gelé que je suis à nouveau reparti très vite, et je n’ai pas eu de coup de barre sur ce parcours devenu relativement roulant avec l’évitement des crêtes.
J’ai eu quelques confirmations, comme le fait que la nouvelle boisson passe très bien (du moins celle au goût menthe et au goût neutre, pas le goût légume !), le fait que je peux partir un peu plus vite, que mes quelques ajustements sur la position du corps semblent efficaces et conduire à moins de gênes au niveau des reins et du coup, et surtout, surtout, j’ai fait le plein de confiance pour l’UTMB. Je reste conscient que ça sera probablement très dur et que je risque de beaucoup souffrir à un moment ou à un autre, mais je n’ai plus peur, et c’est quand même mieux de partir confiant !!! J
Je suis donc maintenant impatient de me retrouver fin aout à Chamonix, au grand rendez vous de la planète trail. Pendant le mois et demi qui me reste je vais d’abord bien récupérer de l’UTTJ, puis refaire un peu de vitesse, ce qui n’est pas traumatisant et qui donne la pêche, puis une semaine chargée avec beaucoup de km et de dénivelés puis tranquille les deux ou trois dernières semaines.
Voilà. On verra comment ça va se passer…