dimanche 1 mars 2015

Marathon de Tokyo 2015

Temps net: 2:59:14

Premier semi: 1:29:55
Second semi: 1:29:19
Temps brut: 3:00:35
Classement: 1119 / 34063

Record battu de 15min et barrière des 3h franchie, c'était au delà de mes espérances.

Il m'est déjà arrivé de m'aligner sur la ligne de départ d'un marathon avec l'espoir d'effacer cette marque des 3 h, mais en ce temps là, je ne savais pas encore combien c'était difficile.

Cette fois je suis parti avec l'objectif de terminer en 3h06 et finalement j'ai fait moins de 3h.
C'était mon neuvième marathon. Il semble que je n'ai pas encore assez d'expérience pour estimer correctement mon temps de course.

Bon, je dois avouer que j'avais l'infime espoir qu'avec le repos précédent la course, et la perte de poids (il m'a fallu un mois pour perdre 2kg), je pourrais faire un peu mieux.

Voir même un "sub 3" si c'était le jour parfait...non, pas possible.

C'était le jour parfait.

Je n'ai eu aucun soucis particulier pendant ma période d'entraînement si ce n'est un léger rhume.
J'avais des amis dans le bloc de départ pour papoter un peu et faire baisser la pression pendant la longue attente, Michaël et Thomas.
La météo était parfaite, pas trop froid (contrairement aux deux autres marathon de Tokyo auxquels j'ai participé), pas trop chaud (comme le lendemain du marathon où il a fait jusqu'à 22 degrés!), presque pas de vent (contrairement à ce qui était annoncé).
Le support du public était chaleureux, en particulier les encouragements de Yuki (3 fois), des nambanners, et d'autres amis, tout le long du parcours. Et il me semble qu'en portant le T-shirt du club, nous recevons également pas mal d'encouragements des non membres, peut-être parce que nous sommes un peu connu dans les milieu des coureurs, ou bien parce que le nom du club (les barbares du sud) plait au public.

Je pense que j'avais vraiment besoin de tous ces paramètres pour réaliser ce sub 3, parce que je n'avais vraiment pas de marge. Pour être exact, je n'avais que 45s de marge.

Je fais principalement des courses de trail, et quand je participe à une course sur route, c'est généralement sans entraînement spécifique. Bon, parfois un peu spécifique, comme faire des longues distances (trop lentes) sur la route et de la vitesse sur la piste, mais rien d'étudié, planifié. Cette fois j'ai décidé de suivre un plan. Mais il y en a tellement, qui souvent se copient les uns sur les autres et dont les bases sont obscures. Lequel choisir ?
La réponse est venu de Padraig, un ami nambanner, lui aussi à la quête du Graal du coureur amateur, le sub 3. Sur son image de profil, dans le forum du club, il arbore fièrement un livre dont le titre apparaît clairement en grosses lettres: "Advance Marathoning". Ça m'intriguait depuis quelques temps déjà, et j'ai décidé d'y jeter un œil. Ce livre synthétise assez bien tout ce qu'on peut lire ça et là sur internet, dans les magasines, sur les principes de bases de la course à pied, et explique clairement les fondements des plans d'entraînements. Alors j'ai décidé de suivre l'un de ces plans, que j'espérais relativement standard. J'ai choisi celui avec le moins de kilométrage (jusqu'à 88km par semaine), parce que ça correspond aux distances que je cours habituellement, et parce que je n'avais pas encore récupéré complètement de mes courses précédentes. C'était un plan sur 18 semaines, assez long, mais cette fois, j'étais décidé à faire les choses bien.

Comme je le disais, l'entraînement s'est bien passé, et la phase d'affûtage aussi (phase qui consiste à réduire progressivement le volume d'entraînement pour arriver dans les conditions idéales: reposé mais sans avoir perdu les bénéfices de l'entraînement).
J'ai battu mon record du semi-marathon à Toda (1:25:42), sans atteindre le temps qui correspondrait à un marathon en moins de 3h (1:24:51). J'ai estimé celui-ci à partir du site internet suivant:
http://www.runningfreeonline.com/Tools/Running_Race_Calculator
Je sais que c'est loin d'être une science exacte, mais c'est une moyenne sur 5 systèmes d'estimation différents, alors j'espère que ce n'est pas trop loin de la réalité. De toute façon, je l'ai pris pour ce que c'était: une estimation.
Comme je ne m'étais pas bien reposé avant ce semi-marathon, j'ai pensé que mon temps pouvait être équivalent à 1:24:51 si je m'étais bien reposé. En bref, je croyais toujours le sub 3 possible.

Mais durant les quelques entraînements à vitesse marathon, j'avais vraiment du mal à garder la fameuse allure de 4min15s par km. J'essayais toujours de trouver une excuse, comme celle d'être fatigué par les entraînements précédents (ce qui est ridicule, puisque le plan est conçu en sorte que je puisse le faire), ou bien parce qu'il y avait trop de vent. Mais finalement, j'ai du admettre que la cible était trop élevée pour moi et j'ai réduit mes objectifs. J'ai déjà eu des mauvaises expériences en partant à un rythme que je savais ne pas pouvoir tenir pendant 42km à moins d'un miracle. J'ai décidé que mon allure au marathon serait celle de mon dernier entraînement à allure marathon, à savoir 4min24s par km, soit 3h06min au marathon.

Bien, je suis trop long. Passons à la course elle même.

Je démarrais dans le bloc B, donc pas très loin de l'arche de départ qui marque le début des 42.195km et le départ du chrono pour le temps net. Par conséquent, je n'ai perdu qu'une cinquantaine de secondes dans le premier km, du fait des ralentissements au départ. Mais grâce à un parcours en légère pente descente dans les premiers km, j'ai pu rattraper ce retard assez vite et passer les 5km en accord avec le plan (21:51 au lieu de 21:55). Malheureusement mon GPS (Suunto Ambit 2 pour le citer) était bien moins précis que je ne m'y attendais. Il mesurait 1km alors que je n'avais fait que 970m environ. Je ne pouvais donc l'utiliser pour connaître le temps cumulé exact, mais il m'a servi tout de même à vérifier tous les km que mon allure restait à peu près constante. Pour ce qui est du temps exact, je le vérifiais tout les 5km. J'avais noté les temps de passage sur mon poignet, mais un peu dans le désordre, mal écrit, à moitié effacé. Et avec un cerveau pas à 100% puisque les jambes avaient plus besoin de mes réserves limitées de sucre que lui, j'avais parfois du mal à savoir où j'en étais exactement.
Au 10ème km, j'étais 46s plus rapide que prévu. Il m'a semblé que ça restait proche du plan.
Mais au 15ème km, j'avais 1min38s d'avance. Toujours incapable de calculer précisément, à ce moment là je pensais que j'avais 2min d'avances (pas très loin du compte cela dit, si on arrondi). J'étais très surpris. 2min au tier de la course, ça fait 6min à la fin, ça fait moins de 3h...Ne nous emballons pas, on va essayer de continuer à ce rythme, et on verra ce qui se passe. Jusqu'à maintenant, j'ai toujours ralenti à la fin des marathons.
Je passe le semi en 1h30 environ. C'est confirmé, c'est bien le rythme pour 3h.
Vers le km 27, mon allure commençait à se réduire. Je ne vais pas dire imperceptiblement, parce que je l'ai perçu, entre autre grâce au fait que quelques coureurs ont commencé à me doubler alors que jusque là c'était plutôt le contraire, mais très légèrement.

Il était temps de faire un choix. Continuer ainsi et atteindre mon objectif initial des 3h06 relativement facilement, ou bien pousser plus fort et tenter le sub 3, avec le risque de souffrir pas mal, et éventuellement d'exploser en route.

J'ai décidé de pousser plus fort parce que, on ne sait jamais, je n'aurais peut être pas une autre chance comme celle-ci.

J'ai changé mon rythme de respiration, passant de une inspiration pour deux pas et une expiration pour 3 pas (rythme 2 / 3), à un rythme de 2 / 2. Ça a bien marché. Bien sur, c'était dur et mes jambes me donnaient quelques alertes parfois. A un moment, j'ai eu cette sensation étrange, comme si je n'allais bientôt plus pouvoir commander à mes jambes d'avancer. Mais j'avais déjà eu cette sensation à l'entraînement, et si je ralentissais, au bout de quelques minutes, ça passait. Cette fois je n'ai pas ralenti, mais le résultat fût le même: c'est passé.

Dans les 5 derniers km - la partie la plus dure du marathon de Tokyo, parce que c'est la fin bien sur, mais aussi parce que c'est près de la mer, dégagé, qu'il y a souvent du vent, et qu'il y a quelques petites montées - c'était pas facile, mais j'étais heureux d'être capable de maintenir ma vitesse alors que j'avais du marcher dans mes deux précédentes tentatives.

2km avant la fin, il me restait 9min pour finir sous les 3h, donc si je n'avais pas de crampes, ça devait aller. Je pouvais même me permettre de ralentir légèrement. Mais je n'étais pas trop confiant sur mes capacités de calcul mental à ce stade de la course, alors j'ai plutôt essayé d’accélérer.

200m avant la ligne, il n'y avait plus personne dans les quelques tribunes sur le bord de la route (forcément, les premiers étaient arrivé 54min plus tôt, les bougres). Mais j'ai entendu de fervents encouragements, alors j'ai tourné la tête, et j'ai reconnu Yuko Arimori, médaille d'argent aux JO de Barcelone et de bronze aux JO d'Atlanta. J'ai trouvé vraiment sympa de sa part d'être resté jusque là et d'être si enthousiaste.

Et finalement, j'ai passé la ligne en 2:59:14. Quelle satisfaction :)

Maintenant, je peux oublier la route pour un moment, et démarrer l'esprit léger la saison de trail.

Annexes:
Temps intermédiaires:
5km 00:23:12 (0:21:51) 0:21:51 09:33:13
10km 00:44:25 (0:43:04) 0:21:13 09:54:26
15km 01:05:28 (1:04:07) 0:21:03 10:15:29
20km 01:26:36 (1:25:15) 0:21:08 10:36:37
25km 01:47:46 (1:46:25) 0:21:10 10:57:47
30km 02:09:05 (2:07:44) 0:21:19 11:19:06
35km 02:30:08 (2:28:47) 0:21:03 11:40:09
40km 02:51:31 (2:50:10) 0:21:23 12:01:32
Finish 03:00:35 (2:59:14) 0:09:04 12:10:36

Mon historique sur marathon:
1994 start running
1. 1996/10/13 Marathon de Lyon 3:55:02 (rencontré le mur au km 28, beaucoup marché)
J'ai beaucoup pris de poids, jusqu'à 89kg, puis me suis mis à m'entraîner à nouveau. J'étais à 84kg pour le marathon suivant.
2. 2004/03/21 7th Tokyo Arakawa Shimin Marathon 4:09:34 (j'ai essayé d’accélérer dans les derniers km pour faire moins de 4h et j'ai explosé, j'ai du marcher)
3. 2007/10/14 Brussels Marathon 3:31:22 (bon départ, mauvais milieu, bon finish)
33 courses, principalement des trails avant de finalement courir à nouveau un marathon.
4. 2010/02/28 Tokyo Marathon 3:39:21 (première fois que je visais les moins de 3h. J'étais très naïf!)
36 courses, principalement des trails, avant de revenir au Japon et d'essayer encore le marathon.
5. 2013/01/20 51th Tokyo Kita Marathon 3:25:46 (satisfait parce que record)
6. 2013/02/24 7th Tokyo Marathon 3:35:09 (encore un échec au marathon de Tokyo)
7. 2013/11/24 2d Fuji San Marathon 3:17:31 (satisfait parce que record, mais avec le sentiment que je pourrais mieux faire sur un parcours plus plat)
8. 2014/01/26 62th Katsuta Marathon 3:14:03 (pareil que précédemment. Je ne peux toujours pas tenir mon rythme jusqu'au bout)
9. 2015/02/22 Tokyo Marathon 2:59:14 (OK, je peux arrêter les marathons...jusqu'au suivant)

A quelques kilomètres de l'arrivée:


Tokyo big site, le lieu d'arrivé de la course, le soir où je suis allé cherché mon dossard. Il y avait une projection sur le bâtiment.


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