mardi 29 septembre 2015

UTMF 2015 (Ultra Trail du Mont Fuji) (deuxième partie)

A2 Motosuko → W1 Fumoto, 15km (46.5km) (6:55, 161ème)
Le parcours a été modifié sur cette partie pour ne pas abîmer les sentiers à ce que j'ai entendu. Cela nous évite une bonne montée. C'est assez roulant, donc il faut courir pour ne pas perdre trop de temps, ce qui est tout de même un peu fatiguant même en allant doucement. Ainsi, malgré la volonté d'arriver en forme avant le Tenshi, je suis quand même un peu plus émoussé que je ne le souhaiterais.

Quand il a commencé à faire nuit et que j'ai allumé ma lampe frontale, ce fût le choc. Je n'y voyais rien. Je ne pensais pas que ma Petzl Myo XP était si faible. Est-ce du à l'âge? Elle doit bien avoir 7 ans maintenant. Peut-être. Mais la principale raison est, je pense, qu'il y avait de la bruine, qui reflète la lumière et ne permet pas une bonne visibilité, en tout cas avec cette lampe. D'autres coureurs avaient des lampes bien meilleures, même dans la bruine. Quand il n'y a pas de bruine ou de brouillard, c'est plus acceptable. Mais là, je ne voyais qu'une surface marron sans relief sur deux ou trois mètres devant moi. Après 10 min, je me suis habitué, mais tout de même, c'était très handicapant pour la vitesse de course et pour la fatigue nerveuse engendrée. C'est un point facilement améliorable pour la prochaine fois, moyennant finance bien sur. Il suffira d'acheter une meilleure lampe. Certains coureurs avaient une deuxième lampe dans la main, mais ça ne me dit rien. En plus c'est gênant pour les autres dans les parties techniques, puisque j'ai été ébloui plusieurs fois par ce genre de lampe lorsque le coureur me précédant s'accrochait à un arbre avec la main portant la lampe. C'était utile aussi parfois puisqu'il m'est arrivé de suivre un coureur pendant quelques temps pour la visibilité apportée par sa lampe d'appoint.

C'est sur cette portion que j'ai fait mes deux premières erreurs de parcours. Et oui, cette année j'en ai fait plusieurs. Ça m'arrive pourtant rarement. Bien sur, c'est avant tout de ma faute, il faut faire attention, mais je pense aussi qu'il y a des progrès à faire à ce niveau là du côté de l'organisation. Le principal problème c'est quand on suit une route ou un chemin principal et que le parcours prend soudain un chemin secondaire. Si celui ci n'est pas bien indiqué, il est très facile de se tromper. Erwan Lebras, le traducteur en Français du site de l'UTMF s'est aussi trompé plusieurs fois cette année. Il évoquait l'idée que, du fait de la pluie, la végétation s'est courbée et a parfois caché les signes, pour tenter d'expliquer la chose. En tout cas, pour ma première erreur, je n'étais pas seul. Nous sommes une dizaine à avoir fait 500m en trop. Ou bien 500m x 2, je ne sais plus trop, et je ne peux pas vérifier puisque je viens d'avoir la désagréable surprise de voir que ma montre Suunto Ambit 2 n'a rien enregistré. Vers la fin de la course, elle m'a dit qu'il n'y avait plus de mémoire. Mais elle aurait pu au moins garder en mémoire le début. Décidément, je suis assez déçu par Suntoo. Le problème c'est que j'ai aussi été déçu par Garmin avant...Mais passons. Hitomi Ogawa était dans le groupe qui s'est égaré. Par la suite, je n'ai pas pu suivre son rythme. Mais elle a du avoir des soucis plus tard, puisqu'elle finira assez loin, en plus de 38h.

Moi quelque part.

W2 Fumoto → A3 Fujinomiya, 23.1km (69.6km) (12:50, 147ème)
Et voilà la portion tant redoutée, le juge de paix de l'UTMF, la plus longue, la plus raide, la plus technique, et tout ça dans la nuit, sur des sentiers détrempés. Glissades assurées. Je crois que c'est là que j'ai vraiment découvert les sentiers japonais, sur l'UTMF 2013. Je n'étais jamais autant tombé sur une course. Et malheureusement, l'une de ces chutes a conduit à mon abandon avec une grosse douleur au genoux. Cette année, je suis encore beaucoup tombé, mais pas de blessure. Peut être l'entraînement intensif aux chutes à Shigakogen a t'il porté ses fruits :)
Le début de cette portion est une montée très raide. Je prend mon temps car je sais que ça va être très long. Ensuite c'est une succession de montées et descentes. En fin de compte, ça passe beaucoup plus vite que l'année dernière. Parce que c'est dans la première partie de course et que je suis encore en forme, et aussi parce que c'est effectivement plus court. Il me semble qu'il y a deux kilomètres de moins. Tant mieux !
C'est quand même long et je crois que c'est par là que je commence à avoir mal au cœur. L'estomac râle. C'est toujours lui qui m'embête, bien avant les jambes. Et quand on a mal au cœur, ça devient tout de suite moins agréable. Donc je vais avoir quelques heures, une dizaine ?, pas agréables.
Je suis content d'arriver au ravitaillement, et d'avoir passé cette section sans me blesser, mais un peu anxieux devant les 100 km restant. C'est à ce ravitaillement qu'il y aura le plus d'abandons.

A3 Fujinomiya → W2 Awakura 6.7km (76.3km) (14:10, 148ème)
Une portion courte à priori, mais comme on s'attend à ce quelle soit courte et qu'il y a pas mal de petites montées et descentes et qu'on est fatigué par le Tenshi, et qu'en ce qui me concerne j'ai l'estomac patraque, et bien elle paraît assez longue finalement. Pas grand chose d'autre à signaler.

W2 Awakura → A4 Kodomo no kuni 14.1km (90.4km) (17:04, 147ème)
Une portion longue en distance, mais avec beaucoup de route puis des chemins forestiers, ce qui est bienvenue puisque la visibilité est moins importante. On a moins besoin de se concentrer. C'est peut être pour ça que, comme l'année dernière, c'est sur cette portion que j'ai eu sommeil. Ajouté au mal au cœur, et au fait que la mi-course n'est toujours pas passés, ça a conduit probablement au passage le plus désagréable de la course. En fait, sur toutes les courses, quelque soit la distance, c'est souvent le deuxième quart le plus dur, car on commence a être fatigué, alors qu'on n'a pas encore passé la mi-course. Une fois la mi-course passé, ça va mieux, au moins psychologiquement. Cette fois aussi, j'attendais impatiemment de passer la mi-course.
C'était principalement une route en légère montée, donc j'alternais marche et course. J'ai eu vraiment sommeil pendant peut-être une demi-heure, une heure, c'est dur à dire car on perd la notion de temps. Je marchais en zig zag, mais je ne pouvais pas m'arrêter, car j'aurais eu vite froid dans la nuit, sous la légère pluie. Finalement j'ai été rejoint par trois coureurs d'un coup, et ça ma réveillé. Après c'était bon.
J'ai préféré quand même m'allonger un quart d'heure à Kodomo no kuni. Je ne suis pas sûr que c'était encore nécessaire, mais ça ne m'a pas fait de mal.
Je crois que c'est là que j'ai pris mon premier café. Et je crois que c'est le café qui a permis à mon estomac d'arrêter de gémir, et qui a rendu la course a nouveau plus agréable. Avec aussi l'effet psychologique d'avoir passé la mi-course, et la nuit !

A4 Kodomo no kuni → A5 Mt Fuji Museum 7.4km (97.8km) (18:15, 138ème)
Peu de souvenirs de cette partie, si ce n'est le début, en sortant de Kodomo no kuni, où l'on croise les coureurs qui y arrivent pendant deux ou trois cent mètres, et la fin dans un champ, plutôt joli, ça change de la forêt, où l'on croise aussi les coureurs qui sortent du ravitaillement. A la fin, j'étais très bien et j'ai pu courir facilement et assez vite dans le champ en descente. Et puis ça me faisait plaisir de voir les autres coureurs, dont certains avec qui j'avais passé quelques temps précédemment. Je vois notamment la première féminine de Shigakogen extreme triangle, Youko Katou, qui terminera l'UTMF 75ème au général et première vétéran en 30:54.

A5 Mt Fuji Museum → A6 Tarobo 12.1km (109.9km) (21:19, 127ème)
Une portion assez longue, qui grimpe un peu sur le mont Fuji lui-même, c'est pourquoi il y a beaucoup de graviers, donc plusieurs retirage de chaussures pour moi. Ça monte plus raide que ne le laisse penser le profil de la course. Et une fois en haut, c'est une succession de montées et descentes. Mais ça va, je me sens relativement bien. On se double et se redouble souvent avec deux autres étrangers. En cherchant des photos, je viens de m'apercevoir que l'un deux était un élite: Marcello Sinoca de North Face Brasil. Il ne devait pas être en forme, c'est pourquoi il était à mon niveau. D’ailleurs il a abandonné au 139ème km.

A6 Tarobo → A7 Subashiri 10.6km (120.5km) (23:26, 137ème)
Une longue descente avec beaucoup de chemins volcaniques, donc beaucoup de gravier. J'aime les descentes (tant que ça ne glisse pas trop), et je n'ai plus du tout mal au cœur, donc je me sens bien et j'avance vite. Trop vite. Je ne vois pas un petit chemin qui part sur la droite et je continue sur le chemin principal. Heureusement qu'il y a une intersection 500m plus loin qui me permet de me rendre compte qu'il n'y a plus de rubalises, sinon j'aurai pu continuer jusqu'à la mer. Je reviens sur mes pas, en montée, rencontre un autre coureur égaré, et nous finissons par retrouver le chemin. Un petit coup au moral, même si je sais que 10-15 minutes sur une course comme ça, c'est pas grand chose. Je continue quand même sur un bon rythme, et je supporte les graviers jusqu'à ce qu'on arrive à la route, où j'enlève une énième fois mes chaussures. Comme je me fais doubler par plusieurs coureurs pendant ce temps, ça me démoralise aussi un peu, et je me dis "c'est bon, tu oublies le classement, tu as merdé avec les chaussures et avec les sorties de routes, maintenant tu finis tranquille, ça sera déjà très bien, et moins dur".
Arrivé à Subashiri, je m'assois pour manger, et quelqu'un vient me dire que mon assistance est là. Je pensais qu'il voulait dire que la zone d'assistance est là, derrière la tente, et je lui dis que je n'ai pas d'assistance. Il s'en va, penaud, puis reviens quelques secondes plus tard pour me dire que Yuki est là. Ahhhh OK sorry, désolé, mais oui, c'est vrai, elle m'avait dit qu'elle viendrait me voir à Subashiri ou Yamanakako. Comme je n'ai pas trop l'habitude, j'avais complètement oublié. Et en plus pour moi ça devait être près de la fin, et là comme il restait quand même 50km, je ne me rendais pas compte que c'était effectivement relativement près de la fin. Très agréable surprise en tout cas :)
Je rejoins donc Yuki, et je me ravitaille tranquillement en sa compagnie. Puis je repart, mais je sens une douleur sous mon pied, que je reconnais car j'avais eu la même pendant mon plus long entrainement, 13h par temps humide (là où j'ai vu mon ourson). Ce sont des crevasses. Au bout de 50m je décide de revenir pour me faire soigner. Yuki n'est déjà plus là. Quelqu'un m'accompagne dans une salle, et un médecin inspecte les objets sombres et odorants. Quel courage. Ce sont bien des crevasses. J'ai la chance d'avoir des pieds plutôt coopératifs qui me causent rarement du soucis, et c'est seulement la deuxième fois que j'ai ce problème. Je soupçonne tout de même un peu les Adidas d'être trop étroites, parce que je n'ai jamais eu ça avec les Asics. Bref, le médecin me met de la vaseline sur les deux pieds, et je repart. Par la suite, la douleur ne s'amplifiera pas et ça ne me gênera pas.
Résultat, je passe tout de même 32min à ce ravitaillement, alors que je me sentais plutôt bien physiquement. Mais on a dit qu'on ne s'inquiétait plus de la place alors...

A7 Subashiri → A8 Yamanakako 15km (135.5km) (26:19, 146ème)
Cette portion est assez longue et commence par une belle côte de 600m. A un tiers de la côte, j'ai mon premier coup de barre de la course. J'ai chaud, je transpire, j'ai plus de mal à respirer. Je pense reconnaître un début d'hypoglycémie. Je mange une barre chocolatée entière, 200kCal d'un coup (en général je prend des plus petites portions). J'ai de l’appétit, c'est un petit plaisir dans ce moment délicat. C'est juste à ce moment que Takeshi Koide, membre de mon club Namban rengo, me passe. Il est beaucoup mieux que l'année dernière. Ça me fait plaisir de voir une tête connue. Je repart lentement, et l'hypoglycémie va passer, par contre à partir de ce moment je commence à sentir mes jambes fatiguées. Ça me fait penser qu'elles ne s'étaient pas fait remarquer jusque là, c'est pas mal quand même.
Une fois la côte montée, nous redescendons tout de suite pour rejoindre la route. C'est le deuxième changement de parcours. Normalement nous aurions dû continuer dans la montagne. Dans la descente sur la route jusqu'au lac, je me plante encore un peu de route et perd à nouveau deux ou trois minutes. Du coût, sur la dernière portion assez longue de route avant le ravitaillement, je suis un peu mou, je marche beaucoup et je pense que je perd pas mal de temps. D'un autre côté ça recharge aussi un peu les batteries. Je suis toujours dans l'optique "on finit tranquille".
Je retrouve Yuki au ravitaillement de Yamanakako où je prend encore mon temps.

A8 Yamanakako → A9 Niju-magari 6.2km (141.7km) (27:32, 141ème)
Portion relativement courte mais avec une belle côte de 400m. Ça commence par deux kilomètres de route et je suis toujours en mode "finir tranquille". Je marche beaucoup, j'enlève encore un petit coup mes chaussures, puis j'arrive au pied de la côte. Là je me fait rattraper par un "couple", puis une autre fille. Ça me réveille un peu et je me dis "Hey, essaye de marcher vite au moins ! sinon ça va être vraiment long ces derniers 30km". Puis je me souviens de l'année dernière, les derniers 30km en compagnie de Christophe Gyger. Nous marchions très vite et progressions aussi vite que les coureurs. Il reste la même distance, je vais essayer de faire pareil. Le couple marche aussi très vite, alors je me dis que je vais les rattraper et rester avec eux pour avoir un peu de compagnie et une locomotive. Mais quand je les rattrape, l'homme s'arrête et me dit de passer, et la fille me dit que j'ai vraiment des bonnes jambes. Je passe. Je leur dit que je pensais prendre leur wagon. Mais bon, finalement je me dis que je suis en forme en ce moment, on va en profiter. Alors je continue tout seul et je fonce jusqu'en haut de la côte, puis en haut de la côte je me met à courir comme sur une course de 30km et je me sens bien, la fatigue dans les jambes a disparue, c'est la fête, profitons-en tant que ça dure !

A9 Niju-magari → A10 Fujiyoshida 15km (156.7km) (30:43, 126ème)
Et ça dure. Au ravitaillement suivant, je reste peu de temps et repart vite à l'attaque de l'avant dernière difficulté, encore 500m de montée. Je souhaite aussi avancer le plus possible avant que la nuit tombe à nouveau. Dans cette partie, je repasse Takeshi, qui semble pas mal lui aussi, mais pas aussi bien. Par la suite, une douleur à la cheville l'obligera à finir en marchant. Malgré ça il arrivera en moins de 34h lui aussi.
Une fois en haut de la côte, la nuit commence à tomber. Une longue descente nous attend. Je rallume ma lampe, mais je m’aperçoit que je vois mieux sans. Je vais continuer encore 10 minutes comme ça jusqu'à ce que je sois vraiment obligé d'utiliser la lampe. Là, forcément il me faut ralentir vu le peu de visibilité dans le léger brouillard. Dans cette descente je me fais doubler par un bolide avec un phare de camion sur la tête. On y voit comme en plein jour. C'est le premier coureur de la STY, la course de 80km qui me double. Je n'en revenais pas. De la lampe et de la vitesse. Les autres seront moins impressionnants. Pourtant il se fera doubler plus tard puisque c'est Sébastien Chaigneau qui va gagner.
Au bout d'un moment, on arrive sur un chemin plus large et moins technique et là c'est plus facile. Malgré tout il faut rester concentré pour ne pas tomber. Et aussi pour ne pas se tromper de route. Ça fatigue un peu. Alors a un moment où j'avais un petit doute si c'était le bon chemin ou pas parce que je ne voyais pas de rubalise, j'ai décidé d'attendre le coureur que j'avais doublé un peu plus tôt parce qu'il avait une bonne lampe. Je me suis mis derrière lui et me suis reposé un peu nerveusement. Par contre, le pauvre s'est senti obligé d’accélérer un peu et quand on est finalement arrivé sur une route, il avait l'air épuisé.
Cette fois je peux courir sur la portion de route de quelques kilomètres avant le ravitaillement de Fujiyoshida. Là, je rencontre Tsuyoshi Yoshimoto, dont j'ai fait la connaissance sur l'Izu trail, puis revu sur plusieurs courses par la suite. Il n'a pas été pris sur la STY, alors il a fait volontaire. Je retrouve aussi Yuki.

A10 Fujiyoshida → Arrivée Kawaguchiko 11.9km (168.6km) (33:18:52, 129ème)
Je sens que le regain d'énergie touche à sa fin et que je vais devoir ralentir un peu dans là dernière bosse de 600m. C'est pas grave, je sais que c'est bientôt fini, donc je me sens soulagé. Effectivement, malgré un rythme assez lent, je sens un nouveau coup de barre pointer le bout de son nez. Je le détecte plus tôt, alors je m'empresse de manger un snickers, et je peux continuer à avancer lentement jusqu'à ce que ça passe.
Ça fait du bien d'arriver en haut. Je commence la descente tranquillement. Je suis un peu coincé derrière un coureur un peu lent, mais je me dis que ça va bien comme ça. Puis la fille (Masayo Komatsu) qui était avec un homme tout à l'heure nous rattrape, nous passe, et je décide de la suivre. Elle fonce ! Et grâce a elle je fonce aussi, alors que je m'attendais à aller beaucoup moins vite. Le sentier glisse beaucoup moins ici que dans le Tenshi, je ne tombe même pas une fois :) Quand on arrive sur la route, nous rejoignons l'autre fille (Yoshimi Sato) qui m'avait doublé à la sortie de Yamanakako. Elles se connaissent, donc on reste ensemble, même si Yoshimi ne peut plus courir dans les descentes. Il reste 3 ou 4 km. En discutant, on s’aperçoit avec Masayo qu'on s'était déjà croisé en fin de course l'année dernière. Elle se souvient de Christophe et moi, bavardant tout en marchant très vite. Et je me rappelle d'elle, dire à son camarade du moment son étonnement de voir ça. On s'était passé et repassé plusieurs fois et finalement on avait terminé 3 minutes avant eux. Cette fois on va rester ensemble jusqu'à la ligne d'arrivé. Le long du lac, Masayo a repris les rênes et courrait assez vite. Je commençais à me dire que je n'allais pas pouvoir les suivre jusqu'au bout. Heureusement, Yoshimi a déposé les armes avant, alors on a remarché, avant de trottiner à nouveau à l'approche de la ligne.
Je retrouve Yuki un peu avant l'arrivée. Elles nous accompagne, mais nous laisse quelques mètres avant l'arche. Je regrette, elle aurait pu venir avec nous, beaucoup d'autres coureurs se font accompagner de leur famille à la fin. L'année prochaine.
Et voilà, c'est fait. La joie est moins forte que l'année dernière, mais le sentiment du travail accompli et le plaisir d'avoir a nouveau finit dans de bonnes conditions sont là.

A un moment de la course, quand ça faisait plusieurs heures que je me sentais mal, je me suis dis que j'allais arrêter les ultras, au moins pendant un moment. Je me disais que je n'étais pas fait pour ça, que mes résultats moins bon que sur les courses courtes le montre bien, et que ça prenait trop de temps pour s'entraîner. Je me disais que je pourrais réessayer éventuellement plus tard si je vis près de la montagne, car ça sera plus facile pour les entraînements.
Mais ma condition s'améliorant, avec même un excellent passage de 30 à 10km avant l'arrivée, et voyant toutes les choses que je peux améliorer facilement, et l'espoir de pouvoir améliorer mes problèmes digestifs avec le café, et le fait que je progresse encore, m'ont fait changé d'avis avant même la fin de la course, alors que d'habitude il faut attendre un ou deux jours avant de devenir amnésique et d'oublier les mauvais moments. J'en déduis que la course s'est quand même pas trop mal passée :)

Le podium de l'UTMF 2015.

Ce que j'ai appris ou ce que je peux améliorer:
-Je peux réduire le poids de mon sac en optimisant la quantité de boisson et de ravitaillement, car j'avais souvent plus d'eau que nécessaire et j'ai mangé beaucoup moins que prévu.
-Augmenter encore le ratio de gels par rapport aux barres énergétiques, parce que ça passe plus facilement et ça ne m’écœure pas apparemment.
-Boire du café plus tôt dans la course en espérant que c'est ça qui m'a permis de me sentir mieux au niveau de la digestion. Problème: que faire sur les courses où il n'y a pas de café. Les gels caféinés n'avaient pas le même effet. Le coca non plus.
-Ne pas partir avec des chaussures trouées ! D'une manière générale faire attention à tous les détails parce que sur 30h de course un petit détail peu faire une grosse différence. J'aurais du essayer de mettre de la vaseline sur les pieds à l'entraînement aussi. Je savais qu'il y avait une chance pour que les crevasses se reproduisent si le temps était humide. Mais je n'ai pas pris la peine d'essayer la vaseline à l'entraînement alors je n'ai pas osé le faire le jour de la course.
-Ne pas se perdre, mais là, c'est plus facile à dire qu'à faire.
-Acheter une meilleure lampe. C'est peut être là où j'ai perdu le plus de temps.

Ce qu'il reste de mes chaussures après la course, et avant la poubelle.

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