mardi 28 janvier 2020

Hong Kong!


J'ai passé plus de 11 ans au Japon, et je ne suis jamais allé dans une autre pays d'Asie. C'est en soit assez exceptionnel je crois. En tout cas par rapport à mon entourage ici. Mais ceci est de l'histoire ancienne maintenant. J'ai vu Hong Kong!


Il y a quelques mois, Satohi, une amie coureuse, m'a proposé de m'inscrire avec elle et Rie, une autre amie, à la course Vibram Hong Kong 100k (HK100), un trail de 103  km et un peu plus de 5000m de dénivelé positive. Je me suis dis que c'était l'occasion et j'ai dis oui.

Résultat, Rie n'a pas été tirée au sort, et Satohi a passé l'étape de la loterie, mais a décidé de ne pas confirmer l'inscription. Je me retrouvais donc seul, mais qu'importe, c'était le moment ou jamais!

Puis la situation a commencé à s'envenimer à Hong Kong avec les manifestations, les violences. Je me suis dis que c'était probablement un peu comme en France, quand on voit les manifestations à la TV japonaise, on a l'impression que c'est très dangereux, mais en fait c'est très limité et si on ne s'aventure pas là il ne faut pas, c'est à dire dans les manifs, il n'y a rien de dangereux. Bon, on parle de la Chine là quand même, alors il faut relativiser un peu, mais bon. Le plus problématique c'est que des courses étaient annulés à cause de ces évènements. L'organisation de HK100 nous a proposé d'annuler notre inscription avec remboursement si nous le souhaitions. Mais j'avais déjà mes billets d'avion, donc je n'ai pas annulé.

Par la suite j'ai appris que mon ami anglais Tom s'était aussi inscrit à la course. Il avait participé deux ans plus tôt, mais s'était blessé et n'avait pu faire que la première moitié. Suite à cela il a mis presque un an à s'en remettre. Cette année devait donc être une revanche pour lui. Pas de chance, il s'est blessé durant sa dernière course, quelques semaines avant HK100. Mais lui aussi avait ses billets d'avion, donc il a décidé d'y aller quand même et de marcher la deuxième moitié du parcours car la marche ne lui causait pas de douleurs.

Encore plus tard, j'ai appris que mon ami Guillaume s'était inscrit lors de la deuxième tournée d'inscription. En effet les émeutes s'étant calmées quelque peu, les organisateurs ont rouvert les inscriptions pour remplir les places laissées libres suite aux désistements.

Super, je ne serais pas tout seul finalement!

Bon, je ne voulais pas faire long, mais tout ça ne prend pas la tournure escomptée. Je vais tâcher d'accélérer.

Quelques jours avant le départ, Guillaume m'envoie un lien vers un article signalant un début d'épidémie d'une maladie encore inconnue, avec deux cas à Hong Kong. Ben voyons. C'est quoi la suite? Un tsunami?

Pas grave, on y va.

La course est le samedi. Je pars le jeudi en début d'après midi et arrive le soir. Première chose que je fais à l'aéroport: dégustation d'un excellent jambon-beurre! On n'a pas ça au Japon! Tout se passe bien, les hong kongais parlent anglais, même si les accents sont très inégaux. Parfois je comprend bien, parfois rien. L'accueil est très inégal aussi, parfois très sympathique, parfois pas du tout. Je retrouve la France sur ce point. Le bus va directement de l'aéroport jusqu'à un arrêt en face de mon hotel, le panda hotel, en 40min.

Probablement des décorations pour le nouvel an chinois, à la sortie de l'aéroport.

Le lendemain c'est visite. D'abord dans le quartier autour de mon hotel. Je suis surpris car je m'attendais à voir beaucoup d'étranger, y compris des occidentaux, je n'en voit qu'un seul dans ce quartier! Gratte-ciels, mer, échoppes. C'est assez varié, mais dense et il y a du monde de partout. Les jardins au pied d'un gratte-ciel sont étonnants.





Les transports sont très bon marché, mais la nourriture est chère. Les gratte-ciels sont beaux de loin, mais laids de près. Enfin pas tous bien sur. Ca dépend des quartiers. En tout cas, il y en a de partout. Pas une photo sans un gratte ciel en arrière plan je crois.

A midi je change de quartier pour un endroit plus moderne, et je retrouve Guillaume pour le retrait des dossards. Suite à cela il me guide pour une visite des lieux incontournables. Avenue des stars, traversée en ferry de Victoria Harbour, Central. C'est chouette. Pleins de photos.





Je rentre un peu fatigué, et mange à Pizza Hut...pas de risques avant la course.
Je retrouve Tom qui arrivait un jour plus tard. Nous partageons la même chambre. C'est lui qui s'est occupé de la logistique. Hotel, bus avant la course. Je suis gâté.


Trouvez Eric

Je passe une bonne nuit, et c'est parti pour la course. Je vais essayer de faire vite. C'est bien organisé. Il ne fait pas trop froid ni trop chaud, peut être entre 10 et 20°C pendant la durée de la course. Le départ est donné à 8h et comme prévu je pars relativement vite dans les premiers 750m de route pour éviter les bouchons quand on arrive au sentier. Mission accomplie. Ensuite je me cale très vite dans un rythme facile. Guillaume est plus rapide que moi et part devant. Le paysage est superbe. La mer avec de nombreuses petites îles, de belles montagnes, des plages de sable blanc, des petits villages pittoresques, des vaches, des chiens. Il y aurait du avoir des singes, mais je ne les ai pas vu. Juste entendus, dans la nuit. En parlant de la nuit, la vue nocturne sur la ville est elle aussi magnifique. Vraiment, c'est un très beau parcours. Un seul défaut: les escaliers. On m'avait prévenu, donc ce n'était pas une (mauvaise) surprise. Il y en avait effectivement tout le long du parcours. Pas forcément le plus agréable. La bonne surprise, c'est que en général les marches étaient assez larges pour accueillir mes grandes palmes.


J'ai pu bien apprécier les 43 premiers km. Ensuite j'ai commencé à avoir mal au ventre. J'étais obligé de boire pas mal parce qu'il faisait un peu chaud dans la journée et je suppose que ceci associé aux chocs répétés dans les marches sont à l'origine du problème. Ce n'est pas rare pour moi donc pas d'affolement. Il faut attendre que ça passe et si ça ne passe pas, tant pis. Ca n'est jamais vraiment passé, mais il y avait des hauts et des bas. Vers le 70ème km, j'ai mangé une pastille de sel, et c'est allé bien mieux pendant un moment. Après ça, avec la fraîcheur, c'était plutôt mieux jusqu'à la fin. Les jambes allaient bien.

Cherchez pas, je ne suis pas sur celle-ci.

J'ai rattrapé Guillaume vers le 80ème km. Il était bien. En général il a toujours un gros coup de moins bien sur les ultra trails, mais cette fois il a mieux géré et n'a pas eu de grosse défaillance. Juste un ralentissement. On a fait quelques km ensemble jusqu'à l'avant dernier ravitaillement, puis je lui ai dis que j'allai essayer de suivre mon plan de route qui était censé me mener à la ligne d'arrivée en moins de 16h. En effet, les finishers en moins de 16h on droit à une petite statuette de coureur couleur dorée. Comme cela semblait être possible pour moi au vu des résultats de l'année dernière, j'avais fait un plan en faisant la moyenne des 3 coureurs ayant fini juste sous les 16h. Jusqu'ici j'étais toujours quelques minutes en avance et j'espérais pouvoir le rester jusqu'à la fin. Mais pour cela il ne fallait pas traîner, donc je suis reparti de plus belle, et Guillaume a continué son rythme tranquille, pour finir plus sereinement.

J'étais un peu inquiet parce que j'étais un peu dans le dur dans la montée et les jambes commençaient à fatiguer. Mais pas le choix si je veux mon petit bonhomme doré. Au dernier ravitaillement, il me restait 10km et 600m de montée à faire en 1h40. Pas évident. Surtout que la montée était technique. Et qu'il y avait un brouillard à couper au couteau. J'ai pensé que ça allait être compliqué, mais qu'il fallait continuer à espérer et à pousser, j'aurai peut être une bonne surprise. Après tout jusque là j'avais réussi à tout faire dans les temps prévus. Paradoxalement, la bonne surprise est venue sous la forme d'une route! Normalement, les traileurs n'aiment pas trop la route, mais là, elle était bien venue! Beaucoup plus facile qu'un sentier technique, surtout dans ce brouillard. Il n'y a qu'à suivre la ligne blanche au milieu!

Finalement j'arrive au sommet. Reste 5km tout en descente, et 40min pour les parcourir. Du gâteau si c'est de la route. Mais était-ce le cas ou pas, je ne le savais point, donc j'accélère. Facile en descente sur le bitume. Trop facile. Je vais trop vite. Mon estomac ne supporte pas. Gros point de côté. Obligé de m'arrêter et de faire quelques grandes respirations pour que ça passe un peu. Je repars, ça revient, je m'arrête, je respire, je repars, ça revient, arrêt, respiration. Merde. Je repars plus lentement. Ca tient. Puis on quitte la route pour des chemins plus techniques, puis on monte à nouveau! Arggh. C'était pas du gâteau finalement. Je vais bon train. Le ventre reste gérable. Je commence à entendre le speaker à l'arrivée. Une descente. Un gars m'encourage sur le bord du chemin, je le remercie, puis j'entend "Eric!!!Go go go!!!". C'était Tom. Il me suit et me crie dessus, enfin m'encourage. Bel encouragement, le meilleur que je n'ai jamais eu. Il était tout excité, encore plus que moi. On retrouve la route et il court comme un lapin devant moi, me montrant le chemin, blessure oubliée. Moi je fonce, je fonce, et finalement passe la ligne d'arrivée en 15:53, 155ème sur 1831. 7min d'avance, c'était pas la peine de s'affoler! :) Guillaume arrive peu après en 16:15.


Il se fait tard, j'accélère, comme à l'arrivée de ma course.

Je récupère mon petit bonhomme, une petite bière (a volonté à l'arrivée!), bus pour rentrer à l'hotel, bonne petite nuit de sommeil, retour en avion, ou je rencontre Cindy, une petite chinoise de 10ans très studieuse qui a travaillé son anglais avec moi, retour à Tokyo où m'attend sagement Yuki, enfin pas si sagement puisqu'elle avait couru 30km un peu plus tôt.


Voilà, premier séjour en Asie hors Japon, super content. Hong Kong était très impressionnant, petit territoire, mais très varié, une ville très dense et élevée, des montagnes basses mais nombreuses et agréables, la mer partout.

Maintenant je me dis que je me ferais bien une petite escapade comme ça une fois par an. On trouve des billets d'avion très bon marché pour les pays voisins. On verra ça.

Toutes les photos ici.


Et le parcours .