vendredi 6 décembre 2013

Okutama Ekiden

Dimanche dernier, Yuki et moi avons couru notre premier Ekiden. C'est une course à pied en relais. L'ekiden d'Okutama a une longue histoire, puisqu'il en est cette année à sa 75ème édition. Et notre club, Namban Rengo, y participe chaque année depuis 1989. Ce fût d'ailleurs la première course à laquelle participa ce club, c'est pourquoi le fondateur, Bob, semble y être attaché.

Cette année nous avions trois équipes de garçons et trois équipes de filles engagées. Cette course est assez conservatrice, les temps sont toujours mesurés manuellement, au chronomètre (pas de puces électroniques), et les femmes sont cantonnées aux petites distances, puisqu'elles n'ont que 11km environ à courir en tout. Sachant qu'elles sont trois par équipe, cela ne fait que 3 ou 4km par coureuse. Les équipes masculines sont composées de six "athlètes" pour une distance totale d'environ 44km.

Il fut un temps où il y avait suffisamment de très bons coureurs dans le club pour former une équipe pouvant jouer les premiers rôles (4ème en 89 et 91, 5ème en 90). Cette année ce n'est pas le cas, donc Bob avait formé les trois équipes de manière assez équilibrée pour créer une compétition entre nous. Et ça à plutôt bien marché car les écarts étaient encore assez faibles à l'issu du 3ème relais.

La logistique est un peu plus compliquée qu'une course classique puisqu'il faut que chaque relayeur rejoigne sont point de départ en train. Le parcours fait un aller retour le long d'une ligne de chemin de fer et les relais se font près des gares, donc ça se passe plutôt bien quand même. Et puis Bob avait bien organisé tout ça. Il a l'habitude, il avait tout prévu...jusqu'à ce qu'il se rende compte sur le quai de la gare qu'il avait oublié son dossard :) Heureusement, il était le dernier relayeur, donc il avait largement le temps d'aller le chercher à notre base, un restaurant de sushi près de l'arrivée dont nous avions réservé une pièce.

Le départ était près de la station de Higashioume, à 1h45 de chez nous. Encore un jour à se lever aux aurores. La plupart des nambanners prenaient le même train. Voici une partie de la troupe à la station Higashiome. Les photos ne sont pas de moi mais de Derek et Chiba San.


Une fois tous réunis, nous nous dirigeons vers le restaurant de sushi, à un petit 400m de là, nous récupérons nos dossards et préparons nos deux sac, l'un que nous laisserons au départ et qui sera récupéré par le relayeur précédent, et l'autre que nous laissons au relayeur suivant et que nous récupérerons à l'arrivé de notre portion. Ensuite nous prenons le train pour nos points de départ respectif. J'étais le 3ème relayeur de mon équipe. C'était la plus courte distance, 6.6km, mais comme ça monte à l'aller et que ça descend au retour, je m'occupais de la montée finale. Mes "rivaux" du club étaient Derek (T-shirt violet et bonnet gris), australien si je ne me trompe pas, et Raymond (le grand gaillard à ma gauche, bonnet Nike), état-unien (je n'aime pas dire américain, parce que l'Amérique ce n'est pas que les USA). Descendaient aussi à la même gare que nous Brad, Gildas que vous connaissez déjà si vous avez lu mon article précédent, et Andre, un Brésilien qui n'est que de passage pour deux mois au Japon.


Nous voici en mode attente, sur le parking du combi du coin. De gauche à droite, Andre, moi, Gildas et Brad. Pensant que nous avions encore pas mal de temps avant l'arrivée des premiers coureurs, je suis allé faire un petit tour du côté des toilettes de la gare. Chouette, juste une personne dans la queue, c'est la fête. Malheureusement, la personne avant nous avait décidé de camper un moment, et ça a pris un peu plus de temps que prévu. Du coup, quand je suis sorti, les premiers coureurs passaient déjà ! Vraiment rapides ces japonais. Enfin pour courir...pour ce qui est des toilettes c'est une autre histoire ;)

Je ne me faisais pas trop de soucis parce qu'à priori notre équipe n'était pas trop rapide. Les bénévoles eux semblaient un peu plus affolés de me voir du mauvais côté de la route. Quand l'un a vu mon dossard, il ma dit "vite, vite, passez de l'autre côté" et quand je suis passé, un autre m'a dit "non, attendez il ne faut pas passer!" parce qu'un coureur arrivait à une vingtaine de mètres de là. Assez confiant de pouvoir faire 2 mètres pendant qu'il en faisait 20, j'ai obéi au premier bénévole et suis passé de l'autre côté, là où les relayeurs attendaient impatiemment leurs coéquipiers, comme par exemple ces deux jeunes lycéens.


Le premier nambanner à apparaître était David, de l'équipe B. 42 secondes plus tard, mon équipier de l'équipe C, Brett, me passait le ruban que l'on appelle Tasuki. Quand je regarde les relais à la télé, le tasuki a l'air très grand et après avoir passé la boucle en bandoulière, les coureurs font un tour derrière le buste avant d'enfiler l'extrémité dans leur short. J'ai essayé de faire pareil, mais soit le tasuki était trop petit, soit j'étais trop grand, et ce n'était pas possible. Il rentrait à peine dans le short, sans faire un tour par derrière. Enfin bref, ce petit intermède m'a permis de ne pas partir trop vite. Ensuite, ça s'est plutôt bien passé. J'ai doublé 12 coureurs et personne ne m'a doublé :) et j'ai repris 24s à Derek, qui la semaine dernière avait pourtant fait 10min de mieux que moi sur marathon (c'est à dire 3h07). Mais son marathon était moins vallonné que le mien...Et nous voici dans le sprint final, puis passant le relais à nos équipiers respectifs (merci à Chiba san pour les photos !) :


Transition Derek - Nick :


Sur la photo suivante, on voit bien qu'en course je préfère ne pas passer en mode "atterrissage sur l'avant du pied", parce qu'après à peine 3km dans ce style, j'ai déjà les mollets en feu...Par contre je m'applique quand même à faire des foulés plus courtes et fréquentes.


Transition Eric - Cameron



Transition Raymond - Jacob. 


Les plus attentifs auront remarqué que la couleur du tasuki est blanche, contrairement au notre qui était jaune. Cela signifie que le relayeur précédent Raymond n'a pas pu arrivé dans le temps imparti et transmettre son tasuki. Raymond est parti en masse avec les autres coureurs dans la même situation que lui. Il a pourtant vu son équipier, David, arriver et il a demandé à attendre, mais les japonais sont stricts, et pour 9s seulement, il a hérité d'un dossard blanc.

Au final, l'équipe B (Derek etc) est 61ème sur 120, l'équipe C (Eric etc) est 94ème et l'équipe A (Raymond etc) arrive à la 104ème position. Personnellement je suis 35ème de ma portion, ayant parcouru 6.6km en 26'14'', avec 80m de montée et 30m de descente. C'est le meilleur résultat chez les nambanners, c'est dire que nos meilleurs élément n'étaient pas présents cette année.

Les équipes de filles terminent 12, 25 (équipe de Yuki) et 43 sur 59, et Yuki est 24ème de sa portion.

Tout ça se termine autour d'un repas, mais au menu, pas de sangliers, mais des sushi, Japon oblige. Avec, comme chaque année je crois, la possibilité de voir la fin du marathon de Fukuoka à la télé. Cette année, Kawauchi termine troisième et premier japonais en 2:09:05 pour son dixième marathon de l'année (et troisième sous les 2h10). C'est un coureur très atypique puisqu'il refuse de faire partie d'une équipe professionnelle, travaille dans un lycée, et fait des courses presque tout les week-ends ! Il veut montrer qu'on peut être au niveau international tout en travaillant normalement. Et sur la photo à gauche, c'est Brett, qui est l'agent de plusieurs coureurs japonais de premier plan, y compris de Kawauchi, mais pas officiellement parce que n'étant pas professionnel, Kawauchi n'a pas le droit d'avoir d'agent. Brett est aussi l'auteur d'un site très complet sur l'actualité de la course à pied au Japon : le site Japan running news. Autant dire que c'était assez animé, surtout que Kawauchi fini à quelques secondes du deuxième, un Kényan.


En fait, non, au Japon, tout ne se termine pas forcément autour d'une table. Souvent, c'est plutôt dans un bain. Ce fut le cas pour quelques uns d'entre nous qui sommes allé nous ressourcer dans les sources d'eau chaude d'un onsen, à quelques minutes à pied du restaurant.

Il ne reste plus qu'à rentrer en train dans nos pénates et manger encore parce qu'on a toujours faim (les sushi, ça ne nourrit pas son homme!) et dormir du repos du guerrier pour clôturer cette excellent journée, qui, j'ai oublié de le préciser, s'est déroulée sous un magnifique ciel bleu et par une température très clémente. Fin de l'histoire. Rendez vous l'année prochaine.

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