samedi 12 juillet 2014

16th Kitatanzawa 12h Adventure Race

6 juillet 2014
44.24km, +2750m
1712 participants, 1456 arrivants
Yuki: 7:49:17, 401 au clt. général, 39/102 femmes, 20/62 dans sa catégorie
Eric: 5:55:35, 103 au clt. général, 101/1301 hommes, 34/581 dans ma catégorie
Kevin: 6:06:40, 132 au clt. général, 80/536 dans sa catégorie
Corry: 6:43:00, 288 au clt. général, 106/581 dans sa catégorie
Don: 6:44:08, 300 au clt. général, 110/581 dans sa catégorie



Tout d'abord je dois dire que je n'ai pris aucune photo. Toutes les photos illustrant cet article ont été glanées ici ou là sur le web. J'espère que les auteurs ne m'en tiendront pas rigueur. En tout cas je les remercie.
(First I must say I didn't take any picture. All the pictures illustrating this article have been found on the net. I hope that the authors will not be upstet about this. Anyway, thanks to them.)

Suite à la 15th édition de cette course, décrite ici, Yuki et moi étions frustrés de n'avoir pu donner notre maximum d'une part pour avoir été pris dans les bouchons du fait de notre départ dans la deuxième vague, et aussi pour ma part, à cause de ma blessure au genou droit qui m'avait obligé à marcher dans la dernière descente...en conséquence de quoi Yuki m'avait rattrapé, dépassé et lâchement abandonné dans le dernier kilomètre.

C'est donc le cœur revanchard que nous nous sommes inscrit pour cette 16ème édition.
Mais au moment de prendre le départ, seul mon cœur restait revanchard, celui de Yuki étant plombé par quelques soucis physiques. Pas en forme, cheville douloureuse. Son objectif était passé de "je vais tout faire péter!" à "je vais me contenter de terminer la course". Mon objectif était de terminer sous les 6h. Objectif rempli pour tout les deux :)

Nous sommes resté dans le même hôtel que l'année dernière, avec chambres communes de quatre personnes, et les habituels ronflements. Nous sommes allé à la même fête, le samedi à 17h, sur le lieu de la course, à 15min à pied de l’hôtel, avec toujours peu de monde parce que l'annonce est difficile à trouver dans le programme, que même que c'est surement fait exprès parce que sinon la maigre pitance ne suffirait point. Tout comme l'année dernière, je rencontre Erwan, qui ne participe pas cette année car il a fait une course de plus de 100km le week end précédent (avec une méchante coupure à la jambe en prime), mais qui vient encourager les coureurs, avec sa fille Emilie. Il m'annonce que l'UTMF sera probablement déplacé à septembre ou octobre l'année prochaine, au lieu d'avril cette année. Une nouvelle importante somme toute, qui devrait être rendue officielle début Aout.

La petite cérémonie terminée et les mets achevés, nous remontons en direction de l’hôtel et lorsque nous arrivons, nous constatons que le repas est déjà servi. Soit, poursuivons la recharge énergétique. Le repas, typiquement japonais, était très copieux et j'ai trop mangé. Ça n'a pas porté à conséquence, si ce n'est que je n'ai pas pu finir mon petit déjeuner le lendemain, tout aussi copieux.

Mais passons les détails, et venons en à la course. Départ à 6h30, dans la première vague, donc. D'autres nambaners sont présent, Don, Corry et Kevin. Yuki et moi nous séparons pour cause de passage aux toilettes. Je vais m'installer sur la ligne de départ 25min avant le coup de feu, mais pas tout devant cette fois, car c'est une grosse course, avec beaucoup de bons coureurs, et pour le coup, je ne me sentirais pas trop à ma place. Tant pis pour la photo. Je me place pas trop loin quand même, et avance encore un peu quand je rejoins Kevin qui s'est installé un peu plus près des avants postes. Nous avons le même objectif, les 6h.

Avant le départ, Kevin n'est pas encore là et je discute avec deux japonais. L'un deux, avec qui je partageais la chambre, à fait 3ème de la CCC (dans sa catégorie d'âge je présume, c'est à dire plus de 60), premier à la TDS et il a terminé l'UTMF en un peu plus de 37h cette année.

J'ai la surprise de voir Marie, une espagnole au Japon depuis quelque mois, qui m'avait contacté pour me demander des renseignement sur la course, faire un petit discours en japonais. C'est une bonne coureuse, qui fait parti du team Ukyo. Elle était à la course Higashi Tanzawa, et d'après son résultat, on doit avoir à peu près le même niveau, sauf qu'elle a moins d'expérience sur les trails et sur les longues distances.

Départ de la course

Le départ est donné à 6h30 pétante et la foule s'élance sans retenue, malgré une première côte courte, mais très casse patte. Idéalement, j'aimerais marcher dans cette première côte. Je ne perdrais que peu de temps que je pourrais rattraper très vite sur le plat suivant et surtout je perdrais moins d'énergie. Mais cette fois, il n'y a vraiment personne qui marche, alors je fais mon mouton, et cours comme les autres, mais moins vite.

Première côte casse-pattes juste après le départ.

Je suis donc passé par beaucoup de monde, mais j'en repasse pas mal dans les deux km de légère montée suivants. Kevin est parti plus vite. Je ne le retrouverai que 30km plus loin, au pied de la dernière ascension. Le pilote de chasse qui m'avait battu au sprint au trail de Nokogiriyama me rejoint et on discute un peu. J'aurai aimé prendre ma revanche, mais il terminera 4min avant moi. Corry me passe et je vais le saluer. Puis j'accélère un peu parce que le premier sentier se rapproche et qu'il y a toujours des risques de bouchons. Je rejoint Marie juste au début de la première côte (+400m). Je lui dis quelques mots, mais je ne suis pas sur qu'elle me comprenne, à cause de mon mauvais anglais peut être et de ses écouteurs surement.

Juste à l'entrée de la forêt, il y a deux bâches bleues avec de la poudre blanche dessus. Tout le monde passe dessus, sauf moi, ne sachant pas ce que c'est. Je comprendrais à la sortie de la forêt, quelques km plus tard, où il y avait la même installation. C'est du sel, pour éviter que les sangsues ne s'accrochent dans un premier temps, et si elles sont têtues et s'y collent quand même, pour les décoller dans un second temps. Bien qu'ayant saisi l'astuce, je ne passe pas sur le sel la seconde fois non plus, parce que j'ai peur que ça pique, avec la transpiration. De toute façon, les sangsues n'ont pas voulu de moi.

L'entrée du premier chemin quand on n'est pas aux avant postes. On comprend pourquoi tout le monde part un peu trop vite.

Cette première montée se passe sans difficultés, sur un rythme correct mais sans plus. C'est bien pour un début. La descente suivante est un peu lente à mon goût, mais rien de bien méchant. Marie était derrière moi dans la montée, mais dés le début de la descente, elle a disparue. Elle m'a dit être très prudente en descente. Je me dis que c'est pour ça. Plus tard, j'apprendrais qu'elle avait des mots d'estomacs, c'est peut être aussi la raison. En tout cas, après un début de course difficile, elle a pu apprécier les 15 derniers km et finir dans un bon temps de 6h38 (6ème de sa catégorie).

Le podium avec Marie, 6ème des moins de 40ans, et Yamaguchi, une orienteuse du club ES Kanto sur la première marche, deuxième au classement général derrière l'incontournable Ooishi.

Kevin n'était qu'à quelques encablures devant dans la montée, mais il a dû foncer dans la descente, et surtout dans la longue portion de route suivante (8km), parce que j'avais un bon rythme, j'ai doublé pas mal de monde, mais je ne l'ai pas rejoint. Il y a souvent beaucoup de route dans les trails au Japon. Au début je n'aimais pas ça, mais je me suis habitué, et je commence même à apprécier. Cela met en valeur la pluridisciplinarité. C'est bien de savoir monter et descendre dans les chemins techniques, mais c'est pas mal de savoir courir aussi! Et sentir que le travail que j'ai fais sur route paie est agréable. Cela dit, je n'ai pas trop le choix, parce qu'en habitant à Tokyo, l'entraînement, c'est soit la route, soit deux heures de trains pour la montagne.

Mais tout de même, après 35min à courir le bitume, ça fait du bien de s'arrêter un peu pour remplir les bouteilles au premier ravitaillement, puis repartir en mode trail, pour la seconde montée de 800m. En parlant de bouteille, j'ai testé cette fois les flasques molles de Salomon, et elle me plaisent bien. C'est plus pratique à transporter quand c'est vide, c'est plus agréable sur la poitrine et pas besoin de les sortir de la poche quand on boit, sauf à la fin pour finir les dernières gorgées. Adopté ! Je n'ai rempli qu'une flasque car, j'ai oublié de le mentionner, mais le temps cette année était idéal, beaucoup moins chaud que l'année dernière.

C'est ici que je rempli ma flasque.

Et me voilà parti pour la deuxième ascension.

Cette dernière photo a été prise par Erwan, que je ne reverrais plus avant la fin de la course car il va suivre les coureurs de tête. Par contre, je reverrai sa fille, Emilie, qui n'est pas avares d'encouragements.

Emilie qui, probablement, se rafraîchi les mains après avoir trop applaudi ;)

Cette montée se passe bien, à un bon rythme. Rien a voir avec l'année dernière, où c'est là que nous avions eu les bouchons les plus sévères. Il y a une petite descente intermédiaire, et quand la montée reprend, je rattrape et dépasse la troisième fille (je saurais plus tard qu'elle était 3ème). La descente suivante est plaisante, même si je suis obligé de prendre un peu mon mal en patience dans la deuxième partie derrière une file de coureur pas trop rapide. Plusieurs fois, des "raku! raku!" signalent des chutes de pierre, mais plus de peur que de mal à chaque fois. Au cas où, je repérais les arbres qui auraient pu me servir de refuge...on n'est jamais trop prudent.

En bas de la descente, c'est le second ravitaillement. Je me suis un peu embrouillé, j'ai cru que c'était là qu'il fallait que je remplisse mes trois bouteilles, c'est donc ce que j'ai fait. Mais après je me suis rappelé que c'était au ravitaillement suivant. Pas grave. Mon sac était un peu vide, ça fait contrepoids par rapport aux deux bouteilles de devant. Je prend une demi-banane, et continue mon chemin en ignorant les concombres. 


S'ensuit une nouvelle montée de 400m. Nous sommes presque à la moitié du chemin. Je me sens bien et je décide d'accélérer un peu. Un peu trop. Une petite inattention et je me cogne fortement le genou droit contre un rocher. Aï aï aï !!! Ça fait mal! Je ne m'arrête pas et continue en boitant, mais cède la route à 3 coureurs que je venais de doubler, dont la 3ème fille qui m'avait repassé pendant le ravitaillement et que j'avais repassé pendant ma très éphémère accélération. C'est douloureux quand il y a des grandes marches. Je me demande si la malédiction de Kitatanzawa est en train de naître pour moi. Est-ce que je vais encore devoir me traîner péniblement jusqu'à l'arrivée à cause d'une douleur au genou? Heureusement, la réponse est non, la douleur sera passagère. Pas de malédiction. A ce moment là, peu après avoir passé un panneau indiquant 20km, un volontaire nous dis que nous sommes aux alentour de la 145ème place.

Près de la fin de la 3ème ascension.

Ce petit contretemps m'a quand même rendu le reste de la montée un peu pénible, avec quelques douleurs et ce petit doute. Mais une fois la descente entamée, c'est allé à nouveau mieux. Une longue descente de 8km sur un chemin large mais très caillouteux, puis une route. J'ai encore doublé pas mal de monde sur cette portion. C'est toujours agréable :)

Le début de la seconde longue portion de chemin forestier et route

S'en vint le troisième et dernier ravitaillement officiel. Il y avait parait t-il des petits pains à la pâte de soja (anko), mais je ne les ai pas vu. Dommage, moi qui ne les apprécie pas particulièrement en temps normal, pendant les trails, ça passe très bien, et j'en aurai bien pris un. Je rempli rapidement mes flasques et repart de plus belle attaquer la dernière grosse montée (900m). Pour cela il faut traverser une rivière sur un petit pont, et c'est là que je vois Kevin. Ça me fait plaisir, je ne pensais plus le rattraper. Nous attaquons ensemble la montée, sur un bon rythme. Enfin tout est relatif. Après 4h de course, je pense que c'était un bon rythme. A ce niveau, il n'y a pas trop de coureurs à la dérive, comme on peut en voir un peu plus loin dans le pelotons, même si quelque-uns sont obligés de faire un pause sur le bord du sentier pour reprendre leur souffle. Là encore, il y a un premier sommet avant une courte descente puis la deuxième partie de la montée. Peut être Kevin s'est-t-il arrêté un peu à ce sommet, car je l'ai perdu de vu et ne l'ai plus revu jusqu'à l'arrivée.

Quelque part dans la dernière ascension.

Pendant cette courte descente, il y a une petite falaise à passer avec des cordes pour s'aider. Juste avant ce passage, un coureur m'a cédé le passage. Je ne voulais donc pas le faire attendre et lui faire regretter son geste, et je me suis un peu trop précipité. J'ai glissé et me suis retrouvé suspendu à la corde tel un tarzan empoté. Rien de bien grave si ce n'était que mes deux mollets, surpris de ne plus toucher terre, en ont profiter pour cramper simultanément. Ouch, qu'est ce que c'est que ce travail ! J'ai vite rejoint la terre ferme et étiré ces deux mutins simultanément sur le sol en pente. Les crampes sont passées très vite, mais il m'est resté une douleur gênante dans les deux mollets qui ne me quittera pas jusqu'à la fin de la course ainsi que les deux jours suivants. Jusque là, les jambes allaient très bien. Dommage! Mais c'est ma faute. Et c'est aussi l'intérêt du trail. Ça demande une attention plus grande que les courses sur route, et cette attention permanente (du moins dans les parties techniques) est une partie du plaisir de ce sport.

Il se trouve qu'il y avait justement un photographe pour immortaliser la scène.




J'ai commencé à souffrir un peu dans cette fin de montée, car je ne voulais pas trop ralentir, ayant plusieurs coureurs aux trousses. La fin de la côte s'effectue sous les cris "cola, cola" des habituels volontaires, indépendants de l'organisation, qui ont chaque année la gentillesse de monter de nombreuse bouteilles de coca jusqu'à ce sommet et d'en distribuer un petit verre à chacun des coureurs. Ce petit verre fait toujours du bien, même si l'année dernière, avec la grosse chaleur, je l'avais encore plus apprécié. Sur la portion plus ou moins plate suivante, j'accuse le coup. Je ralenti un peu, mange, et après deux ou trois km, ça va mieux. Je peux entamer la descente dans de bonnes conditions. Je me fait plaisir dans cette descente, assez technique parfois, et je suis heureux en repensant à l'enfer que c'était l'année dernière.

Distribution de Coca. Merci Minie (c'est un homme...)

Je ne peux pas relâcher la pression, car les 6h de course approchent, et je ne me souviens pas exactement combien il reste de distance, même si je pense que ça devrait le faire. Et finalement, j'arrive en 5h55, très heureux et satisfait de ma course. Je vois le pilote de chasse qui me dit qu'il est arrivé 5min plus tôt et on se congratule. Je m'assois sur une chaise et ne remarque même pas le volontaire que m'enlève les puces électroniques de mes chaussures. J'étais assez fatigué après cette fin intense, mais une "bonne" fatigue.


J'attends l'arrivée de Kevin qui ne se fait pas attendre longtemps puisqu'il franchit la ligne en 6h06. Il me dit avoir lâché dans la montée. Nous mangeons nos udon ensemble (pâtes épaisses), puis l'on se quitte car il rentre en voiture, et à Tokyo, mieux vaut ne pas rentrer trop tard, sinon gare aux embouteillages ! Je décide d'aller prendre mon bain car l'année dernière, quand je l'ai pris plus tard, c'était vraiment bondé. Et puis je sais que cette année, je risque d'attendre Yuki longtemps.

Le bain est effectivement bien plus accessible que l'année dernière, et je ne fais même pas la queue pour la douche. Je ne reste qu'une dizaine de minute dans le bain extérieur en espérant voir l'arrivée de Corry, Don, ou Marie, mais c'est raté, ils arriveront tous pendant mes ablutions. Dommage. La priorité, c'était quand même de voir l'arrivée de Yuki. Celle-ci se fera après 7:49 de courses. Je trouve son état correct, même meilleur que le mien juste après l'arrivée. Mais elle souffrait d'une cheville avant le départ, et s'est tordue l'autre cheville pendant la course. C'est mieux, c'est symétrique ;) Et elle a encore souffert dans les montée, rien à voir avec l'année dernière où elle s'y sentait bien. La décision est prise, elle ne prendra pas le départ de l'Ultra Trail du Vercors début septembre, et va faire un petit break avec la course à pied, en attendant que l'envie et la forme revienne naturellement.

Yuki a un moment où elle a l'air en pleine forme. C'est pour la photo ou quoi?

Elle va se baigner, me dit qu'elle va faire vite et qu'on se retrouve dans une demi-heure. Je passe une partie de cette demi-heure avec Don et Corry au bord de la rivière, puis vais l'attendre devant la sortie du bain. Une heure passe, je commence à me demander si elle ne m'a pas abandonné et est rentrée à Tokyo toute seule. Heureusement je vois Emilie qui sort du bain et qui me dit que Yuki ne va pas tarder. Mais elle a perdu les clés du placard à chaussures. Finalement je rentre dans le bâtiment, et la retrouve en train de fouiller son sac. Bref, après quelques minutes de recherches supplémentaires elle finit par retrouver sa clé.
Correction: après avoir lu ce récit, Yuki m'a dit qu'elle avait passé 20min à essayer d'enlever le strapping de ses chevilles avant d'aller au bain. Le problème c'est qu'à chaque fois qu'elle essayait, elle prenait des crampes aux cuisses. Ah là là, mais qu'est ce qu'on fait subir à nos pauvres jambes.
Correction de la correction: elle avait un strapping à une seule cheville. Ouf. Sinon ça faisait 20min de plus ;)

Allez, c'est le sprint final de ce long récit. Nous sortons, elle mange ses udons, nous prenons le bus pour la station, longue attente avant son départ, puis le train, longue attente avant son passage, et arrivons enfin chez nous !

Bien, il faut quand même que je fasse une petite conclusion. C'était une longue journée, mais je suis très satisfait de la course, du résultat et de tous le parcours effectués depuis l'année dernière. C'était moins bien pour Yuki, mais c'est l'occasion d'un nouveau départ. Il sera intéressant de voir où nous en serons l'année prochaine à la même époque.

The end.

PS: les données gps sont ici.

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